Le livre Le blog de Max va sortir le 12 septembre, et j'en ai reçu un exemplaire par courrier, ce qui sous-entend que je doive en faire une critique.

Mais de quoi parle-t-on ? Du livre lui-même en tant que littérature, distraction, occasion de réflechir, ou de la façon dont le buzz (comprendre "campagne marketing") est organisé ?

Commençons par le Buzz. Bon, le buzz, je n'en suis pas fan de manière générale. Quand j'ai reçu, il y a quelques jours, un mail de l'auteur me proposant de m'envoyer un exemplaire du bouquin, j'ai simplement cliqué sur supprimer au lieu de lui donner mon adresse postale. Il faut dire qu'avec le boucan médiatique dans la presse-papier à propos du futur Houellebecq, j'avais déjà le buzzomètre qui grimpait allègrement dans la zone rouge...

Et puis j'ai reçu un colis par la poste hier, ce fameux livre avec une gentille dédicace[1]. Autant recevoir un mail de plus m'énervait, autant recevoir ces tranches d'arbre mort, ça m'a fait plaisir. Allez comprendre... Le livre, Laurent en a vaguement parlé, Veuve Tarquine est tombé dessus à bras raccourcis dessus. Alors, dois-je en parler ou pas ? Dois-je relayer le buzz ? Ma ligne de conduite dans ce cas est plutôt simple : "oui, si ça me fait plaisir". C'est ainsi que j'ai déjà reçu des livres écrits par des blogueurs et envoyés par les éditeurs dont je n'ai pas parlé...

Après avoir succombé au buzz, si on parlait du livre en lui-même ? Petite déclaration préalable, par souci d'objectivité : j'ai lu le livre vite fait cette nuit à l'occasion d'une insomnie temporaire, ce qui laisse entendre que tous mes neurones n'étaient pas au mieux de leur forme.

Au niveau du style, c'est quelque part entre Houellebecq et Beigbeder, du moins au niveau de l'univers décrit (pour le style, je vous laisse juger sur pièces). Réaliste et contemporain, quoi. Genre le personnage cynique et désabusé qui s'amuse à pourrir la vie de ses contemporains pour tromper la vanité de sa propre existence, dans la droite ligne de ce qu'on avait pu lire à l'époque sur le journal de Max à l'époque où le site était ouvert.

Le bandeau de couverture le compare pompeusement à un Bret Easton Ellis des machines à café, ce qui est grandement exagéré. Disons le fils naturel du cousin boy-scout de Bret Easton Ellis et de Corinne Mayer, l'auteure de Bonjour paresse, pour être plus exact. Nous sommes loin des vacheries démoniaque d'un new-yorkais sous mélange coke-amphet' qui fait bouffer à ses amies des blocs pour WC enrobés de chocolat. Certes, enduire, comme Max, le fauteuil d'un nouveau collègue avec du jus de maquereau est lamentable, mais sans plus.

On retrouve par ailleurs quelques traits de la vie de bureau comme Dilbert sait nous les compter en BD (et comme j'en ai vécu) : le fameux buzzword Bingo, ou le jeu qui consiste à prononcer aussi vite que possible des mots improbables devant un client.

Le récit n'est pas ennuyeux pour autant, et la fin est même plutôt réussie (sauf que Machintruc[2] meurt à la fin ;-), ce qui est déjà beaucoup mieux que celle de 99F, de Beigbeder. Contrairement à Houellebecq et Beigbeder, pas une once de cul. Rien. Limite décevant ;-). C'est presque un acte de bravoure pour ce genre de littérature ![3]

Alors non, je n'ai pas détesté Le blog de Max, je ne me suis pas ennuyé, je n'ai pas non plus été déçu. Et pour être franc, si je devais écrire un livre, j'aimerais qu'il soit au moins aussi bien que celui-là. Et c'est là que mon coté boy-scout reprend le dessus : je ne fais pas à autrui ce que je ne voudrais pas qu'on me fasse, à savoir descendre le bouquin juste parce qu'il utilise le phénomène des blogs pour se faire connaître.

Notes

[1] il semble acquis que c'était la même pour tout le monde, j'ai vérifie auprès de deux autres blogueurs...

[2] nom supprimé pour cause de spoiler et parce que j'ai un mental de moineau et un coeur de pucelle.

[3] C'est même l'un des principaux avantages de Plateforme, de Houellebecq : on lit un bouquin de cul tout en ayant l'air de suivre l'actualité littéraire ;-)