eWeek nous propose un très bon article sur Google et le logiciel Libre. Le chapô explique résume parfaitement ma vision :

Google pourrait bien ne pas proposer de système d'exploitation Libre ou de suite bureautique Libre, mais l'entreprise supporte, utilise et fait la promotion du logiciel Libre.

En effet, le nombre de Libristes travaillant pour Google va croissant. (Si le sujet vous intéresse, sachez que Karl tient une liste des ingénieurs pointus embauchés par Google et Yahoo).

Pour les développeurs du Libre, c'est tout bénéfice : cela leur donne un bon employeur pour travailler sur le sujet qui les passionne, à savoir le logiciel Libre auquel ils contribuent.

Pour le marché, c'est bon. J'en veux pour preuve cette citation de Chris Di Bona (monsieur Logiciels Libres chez Google), extraite de l'article de eWeek :

Quand Firefox a commencé à être vraiment compétitif, Microsoft a été forcé à améliorer son Internet Explorer (...) Avant Firefox, IE stagnait. Maintenant que Microsoft a de la concurrence, ils ont commencé à l'améliorer. Ce genre de concurrence est bon pour tous.

On peut raisonnablement imaginer que Google utilise le logiciel Libre contre Microsoft, comme autant de batons jetés dans les roues du géant de Redmond. Mais cela serai extrêmement réducteur. Google est avant tout un très grand utilisateur de logiciels Libres, en particulier sur ses dizaines de milliers de serveurs. Google bénéficie énormément du travail fait par les développeurs du Libre et renvoie l'ascenseur à la communauté. C'est bien.

Pourtant, on peut craindre que le logiciel Libre, en tant qu'outil dans les mains de Google, ne soit réduit au statut d'arme concurrentielle, utilisé par une grande entreprise pour affaiblir son concurrent. Notons au passage que ça ne serait pas nouveau, si Netscape a lancé Mozilla et si Sun finance OpenOffice.org, ça n'est pas seulement pour la beauté du geste.

Le monde du logiciel Libre va-t-il pâtir de cette situation, écrasé qu'il serait sous le poids des géants ? Je ne le pense pas. Car le logiciel Libre a pour lui une botte qui n'a rien de secrète : la possibilité de faire un fork grâce à l'obligation de redistribution du source de la GPL. Autrement dit, si Google fait une mauvaise utilisation du logiciel, le code source est disponible (s'il est sous GPL) et la communauté peut reprendre le travail et le mener dans la bonne direction. Il pourrait alors s'avérer que la GPL soit l'épée de Damoclès qui empêche Google de mal se comporter. Car a quoi servirait de voir Google remplacer Microsoft si c'était pour se retrouver avec une entreprise ayant les mêmes pratiques ?