Il y a deux ans, j'écrivais "Le Syndrome de Pénélope" qui explique nos intérêts en tant qu'individus préoccupés par l'avenir de la planète, sont souvent en contradiction avec notre métier. Je découvre aujourd'hui qu'il y a 4 ans, J.M. Jancovici avait déjà écrit Dr Jekyll, Mr Hyde, et le climat. Je suis à la bourre ;-) Allez, je cite deux paragraphes de son excellent billet, qui parle de solutions :

Que signifierait de réconcilier le consommateur - et donc aussi la consommatrice - et le(la) citoyen(ne) ? De l'avis d'à peu près tous ceux qui se sont penchés sur la question en restant libres de leurs propos, un élément émerge de manière récurrente : il n'y a pas de solution volontaire au problème du changement climatique sans augmentation progressive du prix de l'énergie fossile, à travers la fiscalité ou tout autre mesure économique équivalente. Cela permet de faire partager l'effort à tous, et peut-on vouloir l'effort comme citoyen sans accepter implicitement sa traduction progressive dans les prix comme consommateur ? Incidemment, l'absence d'efforts volontaires ne signifie pas, bien sûr, l'absence d'efforts à tout jamais : si nous ne chargeons pas dès maintenant d'aller vers une division volontaire des émissions humaines de CO2 par 2 (pour le monde, c'est cela l'impératif physique minimum), ce sont des régulations involontaires qui s'en chargeront à notre place, peut-être bien avant 2100, et elles ont toutes les chances d'être plus désagréables.

Il faut donc espérer que ce qui s'est passé avec le tabac, où les discours ont eu peu d'effets directs, mais ont fini par rendre les hausses de prix socialement acceptables, se passera pour l'énergie. A force de dire et répéter que les combustibles fossiles sont mauvais pour la planète, ce qui n'aura probablement que peu d'effet direct sur leur consommation, on peut espérer que cela amène à accepter "un jour" - prochain si nous voulons éviter des ennuis sérieux avant que mes enfants n'aient l'âge de M. Chirac - une hausse graduelle et indéfinie du prix du gaz naturel, du fioul domestique, du kérosène, du charbon, du fioul lourd, et bien sûr des carburants routiers. Faire est à ce prix. Mais le prix à payer pour ne "rien faire" ne risque-t-il pas d'être bien plus élevé ?

Hervé Kempf, dans son dernier livre au titre particulièrement mal trouvé Pour sauver la planète, sortez du capitalisme écrit page 125 quelque chose qui pourrait très bien s'appliquer à aux énergies fossiles :

Ainsi pourra-t-on développer une tarification progressive selon le volume. Par exemple, tout le monde a besoin quotidiennement d'une certaine quantité d'eau. Celle-ci sera fixée à un prix pas. Puis la quantité suivante – pour plus de douches, par exemple, ou l'arrosage du jardinet – sera davantage facturée. La quantité supplémentaire – pour laver des voitures ou remplir une piscine – encore plus cher. Ce principe de tarification progressive – amorcée en France avec le "bonus-malus" qui renchérit ou allège le prix des automobiles selon leur niveau d'émission de gaz carbonique – pourrait s'appliquer à de nombreuses consommations, notamment dans l'énergie. Il s'agit d'inverser le principe actuel selon lequel plus l'on consomme, moins on paye à l'unité.