Le brouhaha autour de la loi Hadopi s'est calmé alors que le Conseil Constitutionnel se demande si la loi Hadopi, adoptée par l'Assemblée Nationale après moultes péripéties est conforme à la Constitution[1]. Du coup, on se distrait comme on peut ; on se lamente sur la non célébration par la Chine des événements de la place Tien'Anmen et on se dit que les pauvres chinois subissent la censure de leur gouvernement, au point que la jeune génération ignore totalement ce qui s'est passé il y a 20 ans ; on écrit des textes très distrayants sur la contrefaçon, en s'inspirant de grands auteurs.

Pendant ce temps là, le patron du fournisseur d'accès anglais TalkTalk (qui n'est pas tenu par les c... par le gouvernement) déclare :

If you try speed humps or disconnections for peer-to-peer, people will simply either disguise their traffic or share the content another way. It is a game of Tom and Jerry and you will never catch the mouse. The mouse always wins in this battle and we need to be careful that politicians do not get talked into putting legislation in place that, in the end, ends up looking stupid.

Allez, je vous la fait en français :

Si vous essayez de ralentir le débit ou de déconnecter le trafic pair-à-pair, les gens vont simplement déguiser leur trafic et partager le contenu d'une autre manière. C'est comme dans Tom et Jerry, la souris ne se fait jamais attraper. La souris gagne toujours à ce petit jeu, et il faut faire attention à ce que les politiciens ne se retrouvent pas à mettre en place une loi qui, à terme, finisse par se révéler stupide.

En attendant Hadopi, on peut toujours se pencher sur la prochaine pantalonnade liberticide, à savoir la loi Loppsi, la fameuse loi qui veut 'protéger les internautes' avec le filtrage. Ah, le filtrage. Oui, le filtrage. Comme en Chine :

Chine plans to require that all personal computers sold in the country as of July 1 be shipped with software that blocks access to certain websites, a move that could give government censors unprecedented control over how Chinese users access the internet.

Traduction par mes soins :

La Chine envisage d'exiger que chaque ordinateur personnel vendu dans le pays à partir du 1er juillet prochain soit équipé de logiciel qui permet de bloquer l'accès à certains sites Web, ce qui pourrait donner à la censure gouvernementale un contrôle sans précédent sur les sites visités par les citoyens chinois.

Sans rapport aucun (ou presque), j'ai regardé les résultats des élections européennes. Trois choses sont frappantes :

  1. Le parti pirate suédois va avoir un siège (voire deux) au parlement européen, et c'est comme un coup de tonnerre. Si les infos de Numerama sont exactes, "Le Parti Pirate est le premier parti chez les moins de 30 ans".
  2. La préoccupation écologique est grandissante, et c'est une excellente chose. On commence à comprendre que continuer comme avant n'est pas possible. Que la sur-consommation n'est pas l'avenir, qu'il faut inventer quelque chose d'autre.
  3. Comme d'habitude dans le scrutin, l'abstention n'est pas prise en compte. Il est temps de corriger cela avec un coup d'arithmétique, et ça change radicalement la perspective :
    1. Abstention : 59,4%
    2. Majorité Présidentielle : 10,8%
    3. Parti Socialiste :6,4%
    4. Europe Ecologie : 6,3%
    5. Mouvement démocrate : 3,3%

Aucun doute, le fossé se creuse entre la classe dirigeante et la jeune génération...

Mise à jour : J'aurais du être plus spécifique et faire un lien vers cet article du Monde.fr :

L'analyse par tranche d'âge fait ressortir un phénomène d'abstention massif chez les 18-24 ans (70 %) et les 25-34 ans (72 %), ainsi qu'à un niveau moindre chez les 35-49 ans (64 %), alors que l'électorat plus âgé s'est davantage déplacé : 42 % d'abstention chez les 65 ans et plus.

Je précise ma pensée, ou du moins mon ressenti :

  • Les jeunes comprennent l'urgence écologique d'autant plus facilement qu'ils ne sont pas engagés dans un modèle de société reposant sur la croissance et la consommation. Ceux qui votent choisissent Europe Ecologie, par exemple, s'ils croient encore à la politique, s'ils croient encore à l'Europe.
  • Les jeunes d'aujourd'hui ont totalement intégré l'environnement numérique, contrairement à leurs ainés, qui soutiennent un gouvernement qui combat le numérique.
  • Le modèle politique repose sur la sauvegarde d'un monde qui n'a pas d'avenir, monde dans lequel les jeunes ne se retrouvent pas.