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vendredi 17 février 2012

Apple OS X Mountain Lion : le problème Gatekeeper

Apple a annoncé hier une pré-version réservée aux développeurs de son futur système d'exploitation, appelé OS X Mountain Lion. La presse en ligne s'est précipité pour annoncer les nouveautés. Certains pour dire que c'était génial, d'autres pour dire que c'est complètement nul. Finalement, les gens qui font les titres sont un peu comme Steve Jobs, avec une perception binaire du monde : soit c'est génial, soit c'est nul.

Pour ma part, je vais me concentrer sur une seule fonctionnalité, appelée GateKeeper.

Mais avant, un petit rappel :

  • Pour installer une application sur un ordinateur de bureau (Windows ou Mac), on va traditionnellement sur le site de l'éditeur du logiciel, on clique sur "Télécharger", et on installe le logiciel en question.
  • Depuis peu, Apple propose un App Store, comme sur l'iPhone. La grande différence entre les deux, c'est que sur l'iPhone (et l'iPad), c'est la seule option offerte. Et il n'y a qu'un seul App Store, celui d'Apple.
  • Il est fréquent que les éditeurs "signent" (c'est un genre de chiffrement) les applications pour s'assurer qu'elles n'ont pas été modifiées pendant le téléchargement. Un "pirate" pourrait en effet essayer d'intercepter le téléchargement et injecter un code malicieux aux dépends de l'utilisateur.
  • Pour l'instant, n'importe qui ayant les compétences peut écrire une application pour Windows ou Mac, et la publier sur son site Web, sans demander l'autorisation à qui que ce soit. C'est ce qui a permis l'explosion de la micro-informatique (avec la baisse de prix du matériel) : chacun peut faire un logiciel et le proposer au téléchargement.

La nouveauté appelée GateKeeper, c'est que l'utilisateur va disposer de 3 options dite de sécurité.

copie d'écran GateKeeper. Origine : Apple

La copie d'écran ci-dessus indique bien ces trois options. "Autoriser les applications téléchargées depuis :"

  1. Map App Store (uniquement)
  2. Mac App Store et les développeurs identifiés (option par défaut dans OS X Mountain Lion)
  3. N'importe où.

Je suis très préoccupé par l'approche d'Apple. Au nom de la sécurité (ce qui est louable en tant que tel), Apple se réserve le droit de bloquer l'utilisation de toutes les application d'un développeur qui aurait fait quelque chose qui n'est pas du goût d'Apple.

  1. C'est donner beaucoup de pouvoir de façon centralisée à une organisation. De plus, Apple a d'innombrables casseroles aux fesses (interdictions indues de l'iOS App Store).
  2. Je suis persuadé qu'à terme, l'option #1 sera cochée par défaut. L'option 2 n'est qu'une étape intermédiaire entre la 3eme option (situation actuelle) et la #1 (où Apple a tous les pouvoir sur la distribution des logiciels Mac, comme c'est déjà le cas sur iOS). Et même s'il est possible d'aller dans les préférences changer la valeur par défaut, les gens ne le feront pas, car ils ne l'ont jamais fait.
  3. Apple encourage déjà les éditeurs de logiciels à passer sur l'App Store. Par exemple certaines fonctionnalités du système, dont iCloud et Notification Center ne semblent pas être disponibles ni aux applications non signées, ni celles signées mais ne passant pas par l'App Store. Il n'y a pas de raisons techniques à cela, comme le remarque le Panic Blog.

Au final, Apple joue sur la peur des utilisateurs et l'envie des développeurs d'utiliser des fonctionnalités innovantes pour gagner encore plus de contrôle sur son écosystème, aux dépends des utilisateurs. Je pense que c'est un modèle de société qui est à l'opposé de ce que je souhaite : je préfère la liberté et le désordre occasionnel à l'ordre parfait.

jeudi 23 décembre 2010

Filtrage et pédophilie

Affiche de RSF.org contre le filtrage d'Internet et pour la liberté de la presse

La loi LOPPSI 2 et son infâme article 4 sont donc passés. Ils décrètent le filtrage d'Internet. Juste à ce moment là, je découvre une affiche de Reporters Sans Frontières (association qui se bat pour la liberté de la presse) dans la rue. Elle titre très justement "Aujourd'hui encore, dans plus de 20 pays, Internet est surveillé, contrôlé, censuré". Il est vraiment déprimant de voir la France, prétendument "pays des droits de l'homme", officiellement filtrer et censurer Internet.

En effet, je pense que la pédophilie - ignominie s'il en est - n'est qu'un prétexte pour une reprise en main d'Internet par des politiques qui se sentent dépassés par les événements. A ce sujet, je vous encourage à lire Loppsi 2 article 4, un très bon papier de Zythom (expert judiciaire). Trouvé via Embruns.net.

A lire aussi :

mercredi 13 janvier 2010

Google et la Chine

Google vient de publier un long billet sur le blog officiel, intitulé A new approach to China.

La meilleure analyse que j'ai trouvée pour l'instant, c'est celle du Monde : Bras de fer économique et politique entre Google et Pékin. Sans le dire explicitement, Google laisse entendre qu'il y a eu des attaques faites par le gouvernement chinois lui-même, mais le problème est bien plus complexe que cela :

pour Jean-Luc Domenach, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales et spécialiste de la Chine, Pékin ne peut pas laisser Google partir. "Ce serait une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes symboliques, la fermeture de Google.cn serait désastreuse, "d'autant plus qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays".

Pourtant, on peut aussi entendre un autre son de cloche : Le grand bluff de Google.

une occasion pour Google d'endosser de nouveau un rôle de chevalier blanc, largement émoussé avec les années : Google, qui avait bâti sa réputation sympathique sur la voie alternative qu'il proposait face à l'acteur dominant Microsoft, a bien changé et désormais agace, assumant un rôle de Goliath, attaqué de toutes parts pour son arrogance et ses positions dominantes. La firme joue donc probablement un gros coup de bluff : qui imaginerait que le gouvernement chinois autoriserait Google à sortir de sa politique de censure du web ? Qui croirait un instant que Google tournerait définitivement le dos à un marché de plus de 300 millions d'internautes, le plus grand marché au monde ? Et quel poids possède Google dans les négociations, écrasé par Baidu qui totalise 77% des parts du marché de la recherche Internet en Chine ?

Autres liens :

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