juin 2015 (7)

lundi 29 juin 2015

Loi Renseignement (encore) en vrac

Coup de maître de Médiapart et Libération, qui sortent avec Wikileaks des informations confidentielles sur l’écoute des présidents français par les américains le jour même du vote final du projet de loi Renseignement qui instaure les redoutables “boites noires” permettant la surveillance de masse de l’Internet français. Évidemment, comme expliqué sur Ni Pigeons Ni Espions, cela a un impact sur le développement de l’économie numérique (25% de la croissance française). De même, au Royaume Uni, une loi à venir contre le chiffrement fait que des sociétés quittent le pays.

Compilation de liens en vrac portant sur ces sujets :

On a donc des précaires qui se font enfler par un monopole du XXème siècle (les taxis) qui tapent sur des précaires qui se font enfler par une innovation du XXIème siècle (les Uber), sous les yeux d’un Etat régi par des compétences du XIXème siècle, qui se fait enfler par tout le monde puisqu’à la fois les monopoles et les précaires lui pissent à la raie. Notons au passage que les précaires se tapent dessus entre eux pendant que les monopoles prospèrent, youpla boom, c’est vachement bien foutu.

samedi 20 juin 2015

En vrac du samedi

Voici une longue liste de liens accumulés dans mon éditeur et dans les onglets de mon Firefox depuis quelques jours. Je les partage avant qu’ils ne deviennent rances !

La méfiance vis-à-vis des acteurs du Net ne cesse de croître : 88 % des sondés n’ont pas confiance dans les moteurs de recherche pour protéger leurs données (ils étaient 81 % en 2013), et ce chiffre atteint 68 % pour les réseaux sociaux.

vendredi 19 juin 2015

Rapport Ambition Numérique du CNNum

Hier, 18 juin, le rapport “Ambition Numérique” issu de la concertation organisée par le CNNum a été remis au premier ministre, Manuel Valls, qui en a tiré une stratégie numérique.

Dessin de Manuel Valls recevant la rapport Ambition Numérique du CNNum

400 pages, 6 mois de travail, 4 thèmes/volets, 70 propositions, issues de plus de 17000 suggestions recueillies en ligne et lors de séminaires participatifs en régions. Un travail de titan, auquel les 30 membres ont participé, avec le soutien sans faille de l’équipe du Secrétariat Général (ils ont été vraiment vraiment super, d’abord sous la direction de JB Soufron puis de Yann Bonnet).

C’est un immense honneur que d’avoir pu participer à ce projet, sur des sujets à mon avis très importants (comment la France peut réussir le virage du numérique, en termes d’emploi, d’État, de libertés, de société ?) avec des personnes aussi remarquables que mes camarades membres[1].

Mon travail s’est focalisé sur le volet Loyauté numérique, sous la direction de Valérie Peugeot (que je félicite au passage pour son travail et sa ténacité). On trouvera dans le rapport des thèmes chers au Standblog (Standards, Web, logiciels libres, collaboration, Internet comme un bien commun, open innovation, interopérabilité, formats ouverts, portabilité, neutralité du net, recours à la crypto, lutte contre la surveillance…) en particulier dans le Volet 1, et dans une moindre mesure, dans les volets 2 (formats et logiciels libres et collaboration dans l’administration), et 4 (biens communs et éducation pour une société numérique).

Après 3 mois très éprouvants à cause du projet de loi Renseignement (j’allais écrire “Surveillance” !), c’est un plaisir de voir aboutir au grand jour le résultat du travail de tout le CNNum, qui est un effort collectif positif de construction, autrement plus plaisant pour moi que l’effort d’opposition aux boites noires via par exemple Ni Pigeons Ni Espions.

Pourtant, la taille du rapport ‘Ambition Numérique’ (398 pages exactement) peut impressionner. C’est pourquoi une série de vidéos a été produite :

  1. Les grands enjeux numériques décrits dans le rapport #AmbitionNumérique en vidéo (5mn) ;
  2. Recommandations sur la loyauté dans l’environnement numérique présentées par Valérie Peugeot ;
  3. Recommandations sur la transformation numérique de l’action publique présentées par Marc Tessier ;
  4. Recommandations sur le volet croissance, innovation et disruption présentées par Marie Ekeland et Stephane Distinguin  ;
  5. Recommandations sur la société face à la métamorphose numérique présentées par Daniel Kaplan.

Par ailleurs, quelques citations et liens pour comprendre le contexte :

Lors de la remise du rapport, Manuel Valls a déjà prévenu que toutes les propositions ne seraient pas retranscrites dans le futur texte. La première version du « projet de loi Lemaire », dénomination utilisée par le premier ministre en référence à sa secrétaire d’État au numérique, serait déjà quasiment prête.

L’objectif était de se concerter avec l’ensemble de l’écosystème numérique, puis de livrer des recommandations très opérationnelles pour pousser à des modifications, soit dans les lois existantes et à venir, soit, pour les grands principes, dans une grande loi sur le numérique. La dernière de ce type, c’était la loi pour la confiance dans l’économie numérique en 2004. A l’époque, on ne parlait pas de big data ou d’objets connectés, il n’y avait pas eu d’affaire Snowden… Nous pensons qu’il faut toiletter le droit, mais aussi réfléchir à ces grands principes fondateurs, qui devraient faire leur entrée dans le droit positif français et européen.

(…) sur les questions de sécurité, nous n’avons jamais été entendus. Mais nous l’avons été davantage sur les questions de fiscalité, d’éducation, d’innovation… Et c’est aussi, probablement, parce que nous avons émis des avis défavorables à un certain nombre de reprises que l’écosystème numérique nous a jugés légitimes pour faire ce travail de concertation. Je ne dis pas que j’en suis satisfait, mais en 2013, Fleur Pellerin nous avait dit «Vous devez être le poil à gratter du gouvernement», et nous avons montré que nous pouvions l’être. Dans les 70 recommandations que nous transmettons, il y a ces grands principes que nous poussons, qui justifient la loi sur le numérique, mais il y a aussi beaucoup de propositions qui sont destinées à venir amender d’autres lois, et c’est un point important.

Nous avons notamment pensé à la neutralité du Net, qui est indissociable de la question de la loyauté des plateformes.

La question de la portabilité et, derrière, celle de l’interopérabilité, sont également fondamentales. L’usager qui publie par exemple des photos sur une plateforme doit avoir la possibilité de les embarquer.

Si je devais citer un dernier point, j’évoquerais celui de l’autodétermination informationnelle. Il faut que chaque usager ait le droit de tout savoir de ce qui est fait de ses données, pour donner (ou non) son accord à telle ou telle application, etc.

Note

[1] C’est là que je t’avoue, cher lecteur, que j’ai souvent eu l’impression d’être la personne la moins intelligente de la salle à de nombreuses reprises…

mardi 16 juin 2015

Sortie de Cozy Cloud en version 2.0

Pour conquérir le monde, un logiciel se doit d’être un plaisir à utiliser et facile à installer. C’est en ce sens que nous avons travaillé en vue de livrer Cozy 2.0, avec une page d’accueil plus ergonomique et en prime une installation simplifiée pour les serveurs Debian et Ubuntu.

Une version 2.0 de la plateforme

Une bonne expérience utilisateur est essentielle pour que tout un chacun puisse reprendre le contrôle de ses données. C’est pourquoi nous avons focalisé nos efforts pour cette version 2.0 sur l’application Home (la page d’accueil). Simplifiée, plus rapide, plus claire et plus fluide, elle est plus engageante et plus facile à l’usage. Sa nouvelle ergonomie, élaborée en collaboration avec sa communauté que nous remercions ici, lui donne une personnalité propre. Le fonctionnement sur mobile, possible depuis le début, a été aussi amélioré. Ces progrès ergonomiques nous permettent de progresser en vue de toucher à terme le grand public.

copie d’écran de la home

Un hommage à John Oliver

Cette nouvelle version est dédiée à John Oliver pour son travail de sensibilisation de son public aux problèmes de vie privée, en particulier lors de son émission sur les photos de parties intimes.

Les nouveautés apportées par cette version

  • Nouvelle ergonomie de la page d’accueil, plus épurée, plus aérée
  • Organisation des applications en groupes après installation
  • Les applications marquées comme favorites apparaissent en haut de l’écran
  • L’écran paramètre permet de personnaliser le fond d’écran
  • Il est possible de contacter le support technique directement depuis la page d’accueil
  • Les notifications sont dorénavant plus conviviales
  • Meilleure fluidité sur mobile

Notons que les utilisateurs contributeurs hébergés par Cozy Cloud bénéficient déjà de cette nouvelle version, mais les utilisateurs auto-hébergés devront faire eux-même la mise à jour.

Une installation simplifiée sur les distributions GNU/Linux Debian et Ubuntu

Pour la première fois, Cozy Cloud est disponible grâce à un paquet .deb, qui permet d’installer simplement Cozy Cloud sur les distribution GNU/Linux Debian et Ubuntu. Quelques lignes de commande suffisent à déclarer un nouveau dépôt et à installer Cozy Cloud sur un serveur Debian ou Ubuntu. Cela favorise l’auto-hébergement et permet aux développeurs d’application de disposer facilement d’une plateforme de test, ce qui à terme bénéficiera à tous.

Et maintenant ?

Si vous avez un serveur Debian ou Ubuntu, il ne vous reste plus qu’à installer Cozy Cloud dessus pour tester et nous faire parvenir vos impressions.

Si vous êtes déjà utilisateur, que ce soit en tant que membre de la communauté hébergé par Cozy Cloud, nous avons hâte d’avoir vos impressions sur le forum !

Si vous n’avez ni serveur ni instance, il n’est pas trop tard pour en demander une et devenir un membre de la communauté Cozy Cloud.

Conclusion

Il reste encore plein de choses à faire pour que Cozy Cloud devienne un produit adapté au grand public et puisse défier les grands silos numériques qui centralisent les données de la majorité des internautes. Mais nous avons fait un grand pas dans la bonne direction, celle qui vise à nous permettre à tous de reprendre le contrôle de nos données au quotidien via le cloud personnel.

Restez à l’écoute, nous avons encore plein de bonnes surprises dans nos cartons ! :)

jeudi 11 juin 2015

Loi Renseignement, après le vote du Sénat

Au lendemain de la manifestation contre le projet de loi place de la République, le dit projet de loi a été adopté par le Sénat, avec 251 voix pour et 68 contre (ce qui est nettement mieux qu’à l’assemblée nationale). L’excellent Marc-Antoine Ledieu, Avocat qui a beaucoup oeuvré contre cette loi, nous a compilé la nouvelle version et nous éclaire sur les prochaines étapes.

C’est lors de la manifestation que j’ai pu démontrer les Black Box Glasses, un projet technologique, pédagogique et humoristique (rien que ça) destiné à démontrer l’absurdité des boites noires qui consistent à surveiller potentiellement tout le monde pour finalement n’attraper aucun terroriste. Concretement, c’est un montage en carte Cardboard Kit avec un smartphone faisant tourner l’application de réalité virtuelle BlackBoxGlasses réalisée pour l’occasion. Ayant croisé la député Isabelle Attard, je lui ai donné un kit, qu’elle a monté et installé à l’assemblée nationale. Voici le résultat :

Pari tenu @nitot :-P ma boîte noire est opérationnelle ds l’hémicycle, je vais mater le gvmt en douce.

@TeamIsaAttard - Députée Attard et al

Passons maintenant à quelques articles sur la loi Renseignement et la surveillance de masse qu’elle instaure :

Si la loi passait en l’état, la France basculerait dans le camps des pays à avoir instauré la surveillance de masse. Messieurs les sénateurs, le projet de loi sur le Renseignement menace la liberté de l’information. Le 9 juin, préservez la liberté, préservez la démocratie : votez non à ce projet de loi.

Comme aux Etats-Unis au moment où l’affaire Prism a éclaté, des entreprises françaises se posent, elles aussi, la question d’exiler leurs données. Nous sommes en train de vivre ce que le secteur américain du cloud a vécu en 2013. Ce qui est catastrophique pour l’image de marque du secteur IT français

jeudi 4 juin 2015

Actu Loi Renseignement

Soiree NiPigeonsNiEspions à Numa Paris

Lundi dernier 1er juin, c’était la soirée Ni Pigeons Ni Espions à Numa Paris. Je remercie tous les participants (avec beaucoup de retard) :

  • des chefs d’entreprises, dont Stephan Ramoin de Gandi (en duplex depuis les USA) et plusieurs autres (PearlTrees, XWiki…)
  • des représentants d’organisations comme le Syntec Numérique, le GTLL de Systematic, PLOSS et, surprise, l’ADFEL.
  • des élus, dont Laure de la Raudière et Sergio Coronado ainsi que d’un sénateur, Claude Malhuret, voir plus bas.
  • des citoyens concernés par la mise en place de la surveillance de masse via les boites noires et par l’impact économique que cela pouvait déclencher.

J’adresse aussi tous mes remerciements à Alix Cazenave, qui avait organisé cet événement en un temps record, avec des participants de très haut niveau !

Dès le lendemain de cet événement, les débats autour du projet de loi Renseignement ont commencé au Sénat.

NextInpact fait comme toujours un excellent travail sur ce sujet. Voici trois articles résumant les dernières évolutions :

  1. Loi Renseignement : les sénateurs adoptent boîtes noires et sondes ;
  2. Compte rendu de la journée de mardi 2 juin ;
  3. Théorie de la brèche (abordée dans un de mes premiers billets), on y revient, comme prévu : la lutte contre la contrefaçon pourrait justifier la surveillance. Classique. Ca se résume ainsi : d’abord présenter une mesure liberticide comme étant soit pour lutter contre le terrorisme, soit pour protéger les enfants (des pédophiles, de la pornographie, rayez les mentions inutiles). Puis, une fois le dispositif voté et mis en place, l’étendre à d’autres champs n’ayant rien à voir, par exemple la lutte contre le piratage la contrefaçon, la préservation de ce ci ou cela (par exemple les institutions, ou la lutte contre les faux chomeurs).

Quelques articles complémentaires :

Dire que vous vous n’en avez rien à faire de la vie privée parce que vous n’avez rien à cacher, c’est comme dire que vous n’en avez rien à faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire.

lundi 1 juin 2015

Quelques interventions à venir

Je vais participer à plusieurs événements dans les jours / semaines / mois à venir. En voici quelques uns :