Je suis tombé sur un article tout à fait intéressant sur l'Open Source et la localisation qui mentionne qu'une équipe rwandaise voulait disposer d'une suite bureautique dans leur langue, et que Microsoft en considérait pas le marché comme suffisament significatif et avait donc décidé de ne pas localiser MS-Office pour les rwandais. Au détour de l'articles, on trouve quelques chiffres qui méritent d'être cités ici.

  • MS Office est traduit en 34 langues, ce qui est déjà impressionnant.
  • Windows XP est traduit en 47 langues, ce qui est une performance qui mérite d'être saluée.
  • OpenOffice est disponible en plus de 30 langues. Pas mal pour du Libre !
  • Mozilla est disponible en 59 langues, et des douzaines d'autres sont en cours.

Je crois qu'on voit là l'extraordinaire engouement au niveau mondial du navigateur Libre avec, en filigrane, le fait que le logiciel Libre est considérablement plus souple pour répondre à toutes sortes de besoins spécifiques.

Dans mon article sur SCO, je parlais de 3 catégories de marchés pour les logiciels

  1. micro-marchés, trop peu intéressants pour les éditeurs, et donc très favorables au logiciel Libre. Par exemple, la localisation pour une langue donnée ;
  2. marchés de taille moyenne, ou peuvent vivre des éditeurs de logiciel ;
  3. macro-marchés ou marchés d'infrastructure, comme les suites bureautiques, les systèmes d'exploitation et les navigateurs, qui sont des logiciels dont tout utilisateur a besoin. Là, les éditeurs peuvent deviennent dangereux s'ils ont une situation de monopole. (rappelons les plus de 85% de marge sur Windows et Office). Ca tombe bien, cela ne durera pas. OpenOffice.org, Mozilla et Linux sont là. Mozilla est déjà très supérieur à IE/Win, OpenOffice.org est comparable à son homologue propriétaire, et je parie que d'ici l'été 2005, il sera, avec la version 2.0, tout à fait remarquable. Enfin, Linux sur le Desktop, ça commence à devenir une réalité. Lindows.com, Mandrake, Fedora et Xandros sont très impressionnants (surtout sur des postes fixes, par opposition aux portables).

Bref, avec la localisation des logiciels Libres, on remarque que, plus que jamais, les extrèmes se rejoignent. Le macro marché du logiciel de masse rejoint celui du micro marché de la localisation pour des langues trop peu profitables.

C|Net explique que ce genre de problème a un impact potentiel très important pour Microsoft, dans la mesure où cela permet aux technologies libres de prendre racine dans les pays émergents, ce qui les rendra difficile à déloger quand ces pays seront enfin devenu des marchés rentables.

Je laisserais le mot de la fin au chef du projet rwandais de localisation :

Avec un seul pays au monde parlant cette langue, et 90% de ses habitants qui n'ont pas accès à l'electricité, je doute qu'il y ait la moindre incitation économique pour Microsoft de traduire des logiciels en Kinyarwanda (la langue locale). Pour ce projet, l'incitation n'est pas financière. La motivation est patriotique. L'informatique est vue comme un des chemins pour sortir notre pays de la pauvreté. Nos traducteurs ne font pas cela pour eux-même. Ils le font pour ouvrir les ordinateurs à leur petits frères et petites soeurs, leurs parents, leur famille.