A la sortie de la conférence sur la Pérennité et gouvernance des solutions libres, j'ai eu le plaisir de poser quelques questions à Thierry Leblond (Sous-Directeur Architecture Ingénierie à la DGSIC du Ministère de la Défense) sur leurs orientations en terme de messagerie :

Tristan Nitot : Qu'est ce que le ministère de la défense a annoncé aujourd'hui ?

Thierry Leblond : Nous avons expliqué la démarche du Ministère de la défense qui a eu la volonté de comprendre les communautés du logiciel libre, et de les mettre en pratique de façon concrète autour des messageries sécurisées, qui est un des des besoins majeurs du ministère de la défense, des différentes administrations, et même plus généralement des entreprises.

Nous avons évoqué également la signature par le Directeur Général des SIC, Henri Serres, de la "directive définissant les règles de la messagerie électronique" (du ministère de la défense). Cette directive s'applique à tous les projets de messagerie du ministère. En particulier, elle recommande Thunderbird comme client de messagerie et Postfix comme serveur.

TN : Qu'est-ce qu'on entend par messagerie sécurisée ?

TL : Une messagerie sécurisée, c'est ce qui permet entre autres choses de :

  1. Garantir l'acheminement des messages
  2. Gérer les priorités (les messages les plus importants doivent être acheminés et traités en premier)
  3. Permettre le chiffrement (être sûr que personne d'autre que le destinataire ne lise) et la signature (garantie de l'émetteur).
  4. Disposer d'accusés de réception signés (être sûr que le destinataire a bien reçu le message)

TN : Concrètement, ça se traduit comment dans le ministère, au niveau des projets ?

TL : Concrètement, ce sont les même organismes qui écrivent les cahiers des charges et qui élaborent la directive d'interopérabilité. Cette directive a pris 18 mois de dialogue entre les différents organismes comme l'armée de terre, l'armée de l'air, la marine, la gendarmerie et bien évidemment l'opérateur du ministère : la DIRISI. Autrement dit, les nouveaux projets en cours ou qui se déploient intègrent les recommandations de cette directive.

TN : Qu'est-ce que ça signifie en terme d'adoption de Thunderbird et Postfix au sein du ministère ?

TL : On s'oriente donc vers une généralisation de Thunderbird. Toutefois, des exceptions sont possibles pour tenir compte des usages spécifiques liés à l'interopérabilité.

TN : Et ça concerne combien de postes ?

TL : Potentiellement, plus de 200 000 postes, sans compter la gendarmerie.

TN : Vous pensez que ça peut faire tâche d'huile auprès d'autres ministères ?

TL : La directive va prochainement être publiée sur Internet, sur site du bulletin officiel des armées, comme les autres directives. En plus, dans le cadre de la DGME, nous partageons les bonnes pratiques et nous apportons nos contributions aux travaux interministériels.