juillet 2004 (42)

jeudi 29 juillet 2004

Le bide du siècle

Plusieurs lecteurs me signalent l'éclat de rire de la semaine : lors d'une conférence sur les blogs sponsorisée par Microsoft, un des employés de la firme de Redmond fait une conférence et décide de faire un rapide sondage auprès de la salle : Que ceux qui utilisent Internet Explorer lèvent la main !. Silence. Gloussements, plus immense éclat de rire : personne ne levait la main ! Le type essaye de se rattraper et lance Woah, Ok... Combien d'entre vous souhaite qu'on l'améliore pour que vous puissiez l'utiliser ? Toujours aucune main ne se lève !

Les esprits chagrins remarqueront avec justesse que l'histoire nous est rapportée par un employé de Sun Microsystems, un concurrent de Microsoft. Il convient donc de prendre l'histoire avec des pincettes. La confirmation de cette histoire nous est rapporté par Robert Scoble, grand blogueur microsoftien, qui laisse un commentaire en dessous de l'histoire pour corriger le nombre : Heu.. J'étais sur la scène (à ce moment là) et j'ai vu environ 15% des gens lever la main. Oui, c'est peu, mais c'est mieux que "personne". Certes. Je suis prêt à parier que les 15% en question ont réalisé qu'ils étaient à la ramasse avec un navigateur obsolète, et ont téléchargé Firefox un peu plus tard dans la journée ! (Source : Totalement Crétin).

mercredi 28 juillet 2004

Miracles estivaux

Des millions d'utilisateurs d'Internet Explorer sont mécontents, des trous de sécurité à répétition, les blogueurs et les développeurs Web franchement virulents sur les problèmes de ce navigateur (et surtout son manque de support des standards), des développeurs de Microsoft répétant à l'envie qu'ils veulent qu'on leur fournisse du feedback et enfin... Après des milliers de messages, d'articles, de commentaires, les développeurs d'Internet Explorer finissent par ouvrir un blog (ils avaient déjà un Wiki) et ils compilent une liste des choses que l'on attend d'eux. J'ai failli en tomber à genoux. Bon, Scoble avait lancé son appel au feedback il y a tout juste 6 mois et 15 jours, le WaSP avait fait un communiqué de presse sur ce sujet il y a un peu plus de quatre ans, mais Internet Explorer, c'est un peu comme un pétrolier : il lui faut du temps pour manoeuvrer. Quoi qu'il en soit, il semblerait donc qu'il y ait de la lumière au bout du tunnel !

Voyons donc ce qu'a entendu l'équipe IE de chez Microsoft :


  1. Tabbed browsing
  2. Better Standards support (improved CSS, Transparent PNG support, XHTML, etc)
  3. IEv6x is the Courtney Love browser in a world of Kirsten Dunst browsers
  4. Better pop-up blocking
  5. People want people to download Mozilla Firefox
  6. Release an IE7/down-level release
  7. Fix the security problems
  8. Better performance
  9. Faster update turnaround
  10. Integrating browsing into any OS is a bad idea
  11. Developer tools are goodness for web devs
  12. A Windows Service Pack is not the same size as a Mozilla Firefox or Opera install
  13. Did I mention standards support already?
  14. I shouldn't take this personally, people have been waiting for a while to vent on somebody
  15. People want to understand the roadmap for IE

Outre les grands classiques en termes de fonctionnalités (blocage des pop-ups, navigation par onglets), on trouve des demandes franchement basiques (ce qui prouve bien les besoins des utilisateurs ne sont pas comblés) : résoudre les problèmes de sécurité, des mises à jour plus fréquentes, une roadmap pour le développement d'Internet Explorer. Bien sûr, on retrouve l'essentiel : le support des standards. C'est l'essentiel pour l'évolution du Web.

Justement, c'est là que le bât blesse. Dans mon article le navigateur en tant que plate-forme, j'ai longuement discuté du fait que Microsoft se sent menacé par le Web, qui risque de banaliser la plateforme Windows. Ce propos a été repris récemment par Nigel McFarlane :

Ne ne méprenons pas : Microsoft déteste vraiment le Web. On pourrait croire que la nouvelle guerre des navigateurs porte sur Mozilla est ses amis, avec leurs jolies interfaces, mais en réalité, c'est Microsoft contre le W3C. Internet Explorer est pour Microsoft une tactique de blocage : ne jamais être vraiment conforme aux standards, ne jamais laisser au W3C la chance de voir le jour ; et l'alternative que Microsoft est en train de préparer s'appelle Longhorn. L'un des objectifs de Longhorn est la destruction du Web tel que nous le connaissons.

La question est donc posée : le monde réclame un navigateur correct (sécurisé, supportant les standards, avec des fonctionnalités modernes) pour Windows. Mais le support des standards est dangereux pour la plateforme Windows. Que va faire Microsoft ? Les utilisateurs demandent aussi une roadmap, c'est à dire une liste des fonctionnalités qui seront rajoutées au produit, ainsi que des dates de livraisons. Microsoft sera-t-il capable de s'engager dans la voie des standards ? Seul l'avenir le dira. Pour ma part, je redoute le scénario suivant : une nouvelle version plus sécurisée (le Service Pack 2 d'XP nous promet déjà cela), avec quelques retouches cosmétiques comme les onglets et le blocage des pop-ups, mais rien d'autre que des promesses un peu floues quant au support des standards (CSS 2, XHTML, transparence PNG). Cela serait la pire des situations : un Web toujours aussi peu évolutif, et un produit Microsoft qui concurrencerait Mozilla sur la cosmétique.

Quoiqu'il en soit, un navigateur fiable, sécurisé, moderne et supportant les standards est déjà disponible (pour Windows aussi), c'est Firefox.

Terminons sur une note d'humour, avec une phrase tirée de la liste des constats et demandes sur Internet Explorer. Ce dernier serait le navigateur ressemblant à Courtney Love dans un monde où tous les navigateurs ressembleraient à Kirsten Dunst. Notons que l'auteur du billet, employé Microsoft, explique à quel point cette comparaison est justifiée.

Pour ceux d'entre vous qui ne s'intéresseraient pas à la vie trépidante des pipoles, voici ce que j'ai pu glaner sur le Web au sujet des deux donzelles :

Courtney Love est la veuve de Kurt Cobain (icône de la période grunge). Elle aurait fait plus de cures de désintoxication pour abus de substances illicites que de hits dans sa vie de rockeuse. Elle est connue pour ses mauvais gouts vestimentaires, au point d'avoir été choisie comme l'une des personnes les plus mal vétues de 1993. Sur la photo ci-dessous, nos lecteurs ne manqueront pas de constater que la dame a quelques heures de vol (en plus d'une vie déjantée) :

Internet Explorer 6, d'après Microsoft

A l'inverse, Kirsten Dunst est l'héroïne du film Spiderman 2. Jeune, charmante, la tête sur les épaules : elle est l'une des comédiennes les plus en vue du moment. (Mais ça peut changer d'ici la semaine prochaine !). Allez, une petite photo pour la route !

Les navigateurs alternatifs, vus par Microsoft

Les images parlent d'elle même. Qu'attendez-vous donc pour télécharger Firefox ? (si ça n'est pas déjà fait).

jeudi 22 juillet 2004

FAQ XHTML

Voilà un document que j'attendais depuis longtemps : Une FAQ sur XHTML, proposée par le W3C. C'est typiquement le genre de documents que le W3C devrait produire plus souvent. Faire des recommandation, c'est bien, c'est indispensable, mais a quoi servent-elles si personne ne les utilise ? Ces documents sont indispensables pour que les auteurs respectent mieux les standards et comprenent mieux leur intérêt. Avec la disparition programmée de DevEdge, la défection de Microsoft, il y a besoin de promouvoir les standards. Certes, OpenWeb, WebStandards.org et Pompage.net aident grandement, mais aucun de ces projets n'a la crédibilité du W3C.

Le monde fascinant des brevets logiciels

Ah, vraiment, je ne m'en lasse pas ! Je vous avais promis des coups tordus dans la bataille contre le logiciel Libre, et l'utilisation de brevets dans cette bataille. Un e-mail de chez HP (reconnu comme authentique par la compagnie) confirme cela : Microsoft prépare une attaque contre le logiciel Libre avec ses brevets. Il est à noter que ce message a déjà deux ans et que l'attaque n'a pas encore eu lieu. Pourquoi attendre pour attaquer ? L'article de NewsForge donne une réponse : Microsoft attendrait que passe la loi européenne sur les brevets logiciels. En attaquant avant cette loi, cela démontrerait que les brevets logiciels sont néfastes pour le Libre, ce qu'elle ne souhaite pas démontrer : cela reviendrait à dévoiler ses batteries.

Parallèlement à cela, la Public Patent Foundation (a but non lucartif), qui tente d'assainir le monde des brevets, annonce qu'ils vont surveiller les demandes de brevets émises par Microsoft. Se reporter à l'analyse de ces deux faits par l'indispensable Groklaw. (Merci à Sébastien pour l'info.)

Il y a un avantage majeur à être sur un champ de bataille : on est au premier rang pour observer les manoeuvres de celui qui nous considère comme son ennemi. L'inconvénient, c'est aussi qu'on est les premiers à prendre les coups.

mercredi 21 juillet 2004

Un monde formidable...

Bon, je vous sens un peu mou du bulbe, là, chers amis lecteurs. C'est la torpeur estivale ? C'est le tour de France qui vous fatigue ? C'est l'abus d'EPO ? Allez, deux p'tits coups de fouet pour vous remettre d'aplomb :

  • C'est l'ami Gerv qui a soulevé le problème, et c'est Eric Raymond qui en a fait un billet largement médiatisé : Le virus Final, une histoire de science-fiction. Voici un extrait de ce qui pourrait être un article de presse : Des millions d'utilisateurs Microsoft se sont trouvé face à un écran bleu de la mort d'un nouveau genre, bien plus meurtrier. Il affichait "Ceci est le virus Final. Pour que s'arrête le spam, Windows doit mourir". Redémarrer leur machine ne changeait rien à l'affaire, car leur disque dur avaient été reformatté. Toutes leurs données étaient perdues.
  • Le gouvernement renonce à taxer les voitures les plus polluantes. Le ministre souhaitait "faire en sorte qu'il coûte moins cher de rouler propre que sale" en taxant les voitures les plus émettrices de gaz carbonique et en utilisant cette recette pour, à l'inverse, verser une prime aux acheteurs des voitures les moins émettrices. Mais rien n'est simple dans ce monde : L'annonce avait suscité le rejet des constructeurs automobiles - notamment allemands - qui s'inquiétaient de ses conséquences sur les conditions de compétitivité entre les constructeurs européens : les plus puissantes, Mercedes et BMW, auraient été les premières victimes du "malus". (Source : un lecteur)

Bon, parce qu'il faut bien terminer sur une note positive, sachez que IP V6 vient d'être mis en place sur les machines racines DNS. Que ceux qui ne comprennent pas se rassurent, c'est une bonne nouvelle.

Parts de marché de Mozilla

Rares sont les sites qui publient leur statistiques en terme de répartition des types de navigateurs. Il y a quelques semaines, le site allemand Computer Base l'a fait. Le résultat est très supérieur à ce qu'on s'attend généralement à trouver, avec 19% de parts de marché pour Mozilla et assimilés, en avril 2004. (soit un facteur 5 par rapport aux résultats de l'année précédente).

Il est indéniable qu'en Allemagne, Mozilla a une part de marché sensiblement supérieure aux autres pays. Toutefois, de nombreux Webmestres français m'ont fait part de leurs statistiques en me demandant de ne pas les publier (même si je crève d'envie de le faire !)

Je note deux deux tendances très importantes :

  1. La croissance de la part de marché de Mozilla est très significative, même si sur certains marchés elle tourne actuellement aux alentours de 5%.
  2. Les sites liés à l'informatique ont beaucoup plus de visiteurs sous Mozilla que les sites grands publics.

Sur ce dernier point, on pourrait se dire que Mozilla 1.x est un produit pour les geeks et autres accros du claviers. C'est vrai, dans une certaine mesure. Mais cela n'est pas le cas pour Firefox, qui est très orienté vers l'utilisateur final, et cela ne va qu'augmenter avec la sortie prochaine de Firefox 1.0.

Enfin, il ne faut pas oublier que les fanas d'informatique sont de grands prescripteurs, et que Firefox 1.0 est un navigateur à mettre entre toutes les mains (voir PAF la clé USB). Aussi, nous nous attendons à une croissance encore plus significative des parts de Firefox dans les mois à venir... Webmestres dont les sites n'acceptent qu'Internet Explorer, vous voilà prévenus !

Comprendre et promouvoir les formats ouverts

Quand on a un blog qui porte sur les standards, on s'intéresse forcément à l'intéropérabilité et aux formats ouverts. Le Web reposant sur la notion d'intéropérabilité, il était logique que je participe à OpenWeb. Mais les formats ouverts ne s'arrêtent pas au Web. Les documents bureautiques, les fichiers que l'on s'échange, nous rappellent douloureusement que la possibilité d'échange d'information entre utilisateurs n'est pas acquise. Que les lecteurs avertis me passent cette lapalissade : il faut faire attention aux formats que l'on utilise si l'on veut pouvoir s'échanger des données ! Plus précisément, il faut savoir quels formats sont ouverts, pour s'assurer que tout le monde aura accès à l'information quand on la diffuse.

Pour faire passer le message, un blog, Formats-ouverts.org a été lancé recemment. Les articles y sont d'excellente qualité. Cette semaine, j'ai pu y lire deux très bons articles :

Thierry Stoehr analyse chaque jour avec brio l'actualité des standards ouverts (ou non) et démontre avec précision les stratégies des grands acteurs qui, bien souvent, voient le format propriétaire comme une façon de verrouiller les utilisateurs sur une technologie en prenant leurs données en otage.

Mais il manquait une ressource centralisée qui serve de référence sur les formats ouverts, une URL que l'on puisse donner à quiconque se pose des questions sur les formats ouverts. Cette absence est désormais réparée avec la sortie de OpenFormats.org, un site collaboratif sur le sujet. Bravo à Dario Taraborelli et Bastien Guerry, qui produisent ce site en anglais, français et italien : un travail de titans ! (Notons que le site est un Wiki et que les documents sont sous licence Libre Gnu FDL)

Et si vous n'aviez qu'un seul lien à cliquer ça serait celui-ci : Pourquoi utiliser des formats ouverts ? Une lecture indispensable. A vos signets !

mardi 20 juillet 2004

Mozilla bientôt accessible ?

C'est du moins ce que laisse entendre une conférence intitulée Intro à l'accessibilité pour les développeurs - Pourquoi et comment ? qui aura lieu lors de la prochaine conférence des développeurs Mozilla :

La présentation d'Aaron montrera comment Mozilla fonctionne avec différentes technologie adaptives, y compris la toute première démonstration de Mozilla avec un lecteur d'écran (Window Eyes).

Aaron Leventhal est un ancien collègue Netscape (alors responsable accessibilité) et il travaille maintenant pour IBM.

lundi 19 juillet 2004

En Vrac

  • Daniel est revenu et nous annonce qu'Ariel Sharon est un con. J'ajouterais : un con dangereux.
  • Je suis un Geek des années 70, m'annonce un test. Ce dernier est formel : Vous avez décidé qu'il était temps que le monde change. En effet... (Source : Tainted Words)
  • Ouverture du Wiki des entrepreneurs, avec Ludovic aux commandes. A suivre, surtout que le bonhomme en question vient de démarrer sa société, XpertNet. Félicitations, Ludovic !
  • Interopérabilité : réalité, Arlésienne ou bonne excuse ? Un article sur LinuxFR, par l'excellent Benoît Sibaud (qui a de très saines lectures !)
  • Petite histoire de la blogosphère, par le Capitaine et ses lecteurs.
  • Voilà qui fait bien plaisir : PMU.fr est dorénavant utilisable avec Mozilla, suite à une demande d'un turfiste qui en avait marre d'Internet Explorer et qui a pris le temps d'écrire au Webmestre du site. Comme quoi, écrire, ça fait bouger les choses !
  • Un centre de recherche en sécurité analyse le fonctionnement de l'attaque SCOB. Fascinant. On peut lire dans le document PDF la liste des noms de domaines pour lesquels la frappe au clavier de l'utilisateur est activée. Que des banques. Quand l'utilisateur se dirige vers une banque listée, son mot de passe est enregistré et transmis à un serveur qui le stocke. Un pirate peut donc se connecter sur le compte bancaire avec les risques que l'on imagine. Quand on pense que neuf fois sur dix, quand une banque exige l'utilisation d'Internet Explorer, c'est en prétextant la sécurité, il y a de quoi pouffer. D'ailleurs je poufferais, si ce n'était pas si grave.

P... deux ans

Voilà, j'aurais du fêter hier les deux ans du StandBlog. Mais parti sans mon portable voir mes enfants en Normandie, je dois vous avouer que cela ne m'a même pas effleuré. Cela fait donc deux ans et 1640 billets, soit une moyenne de plus de deux billets par jour (week-ends et jours fériés compris). C'est beaucoup trop. Je ne sais plu où j'ai lu ça, mais je confirme : Le blog, c'est le crack de l'écrivain. Finalement, je suis peut-être un écrivain qui s'ignore !

Pour ce deuxième anniversaire, j'ai décidé de changer la politique de suivi des commentaires. Ces derniers temps, j'ai remarqué de plus en plus de spam de mes commentaires, qui va de pair avec une trollification de ces derniers, surtout dans le domaine politique, où se multiplient les procès d'intention, les noms d'oiseau, les sous-entendus vaseaux et les abus d'identité.

J'avais pris le parti de toujours conserver les commentaires, même s'ils ne me plaisaient pas. Cette position n'est plus tenable... J'apprends beaucoup avec les commentaires, mais tel que c'est parti, ça risque de ne pas durer bien longtemps. Aussi, j'ai décidé de supprimer les commentaires qui me paraissent déplacés. Oui, ça va sembler arbitraire, et cela ne me plaît guère, mais je n'ai pas le choix si je veux que le débat et les idées restent, sur le StandBlog, d'un niveau décent. Considérons cela comme l'oeuvre du jardinier qui arrache les mauvaises herbes. Dommage d'en être arrivé là... On mettra ça sur le compte de la maturation de la blogosphère.

vendredi 16 juillet 2004

Enorme...

Bannière de la ligue de dénonciation de Firefox

(Trouvé sur Siteduzero.com. Merci Mat.)

Mise à jour : dans la même veine (merci à Jacques et Ploum) Pourquoi utiliser Internet Explorer. Indispensable.

Le double effet SCOB

Il y a 3 semaines environ, déboulait l'attaque SCOB / Download.Ject, un machin monstrueux qui a entamé plus encore la réputation d'Internet Explorer.

Depuis, Microsoft a fait une mise à jour de sécurité, sans pour autant bloquer SCOB ! Evidemment, ça râle chez les spécialistes de la sécurité :

Nous espérions que Microsoft corrige ces vulnérabilités dans son navigateur, ce qu'il n'a pas fait, déplore-t-on au Cert-IST, centre de veille informatique français réservé aux grandes entreprises. Nous appelons donc toujours les entreprises à utiliser une alternative à Internet Explorer, poursuit un porte-parole.

ZDNet écrit Contrairement aux voeux des experts en sécurité, Microsoft n'a toujours pas jugé utile de corriger les failles d'Internet Explorer exploitées en juin par le cheval de Troie Scob (alias Download.Ject). Sa série de patchs pour juillet, qu'il vient de publier, corrige sept nouvelles vulnérabilités, mais pas celles attendues. Je suis certain que Microsoft a fait son possible pour tenter de corriger la faille. Après tout, l'enjeu est phénoménal (plusieurs centaines de millions de machines sont concernées). Mais voilà, pas facile de corriger Internet Explorer... Soyons clairs : Microsoft n'est ni incompétent ni inconscient. C'est juste que Microsoft ne peut pas corriger Internet Explorer rapidement. J'ai déjà parlé de cela. Mieux, Robert Scoble, employé Microsoft, l'explique très bien :

Bon, passons maintenant à ces fichus problèmes de sécurité. Ils sont pénibles à résoudre. Bien plus pénibles qu'on pourrait croire, vu de l'extérieur. Pourquoi ? Parce que le moteur d'Internet Explorer est utilisé dans plusieurs systemes d'exploitation. Des douzaines de langues différentes. Des milliers d'applications différentes. Changer une ligne de code dans les tréfonds de Windows signifie potentiellement d'empêcher le bon fonctionnement d'un grand nombre d'applications. C'est inacceptable pour l'équipe. Ainsi, quand ils changent des choses, ils doivent le faire sans rien casser chez les clients.

Mais revenons à l'avis du Cert-IST (centre de sécurité français) et à leur avis sur la question (Fichier PDF) :

Sans rentrer dans la querelle logiciel libre vs Microsoft, et en prenant acte de la nécessité d'installer Internet Explorer pour accéder aux applications d'entreprise telles que SAP, l'utilisation temporaire d'un autre navigateur qui cohabite parfaitement avec IE sur le même poste peut être un palliatif à la situation actuelle tant que Microsoft n'aura pas publié l'ensemble des correctifs attendus.

Bon, j'ai une bonne nouvelle, le navigateur qui cohabite avec IE s'appelle Firefox. Mais pourquoi parler d'utilisation temporaire ? Pour ne pas fâcher Microsoft, très puissant fournisseur des 4 entreprises qui financent le Cert-IST ? Quoiqu'il en soit, si l'on a indéniablement le sens du politiquement correct chez Cert-IST, on manque un peu de bon sens. Qui dit que IE sera sécurisé un jour ? Si on s'en tient à ce qui s'est passé jusqu'à présent, on peut en douter. Enfin, quand un utilisateur est passé à Firefox, je doute fort de son envie de revenir à Internet Explorer... Quiconque ayant fait l'expérience pourra confirmer cela !

Mise à jour : notons que Microsoft propose une méthode pour retirer l'infection SCOB, ce qui n'empêche pas l'infection elle-même. C'est déjà ça.

L'alterconsommateur, ce trublion

Un trio d'articles exceptionnels dans le Monde du 15 juillet :

Quelques extraits (l'emphase est de votre serviteur) :

"Dans les réunions que nous organisons, on voit surgir des thèmes nouveaux qui prennent un vrai essor depuis 2002 : par exemple, rejets de packagings inutiles, interrogations sur le bien-fondé de la nouveauté pour la nouveauté, sur les valeurs éthiques des entreprises. On sent émerger une forme de politisation de la consommation", constate Eric Foulquier, PDG du cabinet Théma, qui qualifie ces nouveaux comportements d'"alterconsommation"

D'après le Monde, ces alterconsommateurs représenteraient 15 à 25% de la population.

Ces "alterconsommateurs" ne sont pas pour autant "altermondialistes": ils ne veulent pas mettre à bas le système, mais simplement l'aménager afin de le rendre plus durable et plus acceptable à leurs yeux. Leur aspiration consiste à ne plus être considérés comme de simples consommateurs mais comme des sujets à part entière. Dès lors, ils arbitrent leurs achats en fonction d'une certaine éthique et du respect de l'environnement. Ils se caractérisent également par une prise de distance par rapport aux marques et à la publicité.

Description de ces alterconsommateurs :

La publicité les énerve. Ils sont prêts à payer plus pour des produits qui respectent l'environnement, utilisent des produits recyclés. Niant qu'une voiture puisse les qualifier, ils ne voient en elle qu'un outil pour les emmener d'un point à un autre. Ils lisent plus souvent que la moyenne Libération, Le Monde ou Le Point. Ils sont consommateurs de musées. Ils regardent France Télévisions plutôt que TF1.

Les publicitaires s'interrogent :

"Les gens sont inquiets. Ils s'interrogent sur le futur. (...) Ces interrogations ont conduit les consommateurs à prendre leurs distances par rapport aux discours marketing et à la publicité. "Avec Internet, ils ont plus de pouvoir par rapport aux marques, plus de libre arbitre"

Mais le pire rete à venir, semble indiquer le directeur marketing de Carrefour :

Les 5-12 ans ne fonctionnent plus sous le mode pyramidal, hiérarchique comme leurs aînés, mais recourent au système du réseau. Ce sont eux qui sont à l'origine du succès des Pokémon, un phénomène unique dans l'histoire de la consommation : apparu sans support médiatique, il s'est répandu comme une traînée de poudre sur la planète. Le changement fondamental, c'est que l'essentiel de leur savoir ne leur a pas été enseigné par leurs maîtres (parents, professeurs...), ils ont appris à penser par eux-mêmes avec une rapidité et une efficacité étonnantes. Il est probable que ce sera la génération qui fera sauter le système.

Je crois que je vais regarder mon p'tit Robin et son insupportable Tamagotchi d'un autre oeil !

Spécial copinage

J'ai un ami qui ne cesse de parler de formats ouverts autour de lui. Il a même fait un paquet de conférences. Seulement voilà, les paroles s'envolent et les écrits restent. Mieux, les écrits publiés sur le Web (avec une URL) se multiplient, grâce à la magie de l'hyperlien (Merci TBL !) et à la puissance des moteurs de recherche.

Depuis plusieurs mois donc, je tente de le convaincre de faire un blog sur le sujet. Certains pourraient même parler de harcèlement, voire d'intimidation physique (de l'avantage d'avoir le physique poupon d'un demi de mélée à la retraite), mais l'individu en question me pardonnera, car qui veut la fin veut les moyens. (Fichtre, me voilà à citer proverbe sur proverbe, mais qu'ai-je donc à me draper dans la sagesse populaire ?)

Quoi qu'il en soit, et avec l'aide d'autres individus tout aussi convaincus de l'importance de publier un blog quand on sait tant de choses, nous avons donc réussi à pousser l'ami Thierry Stoehr a lancer son blog, Formats-Ouverts.org (oui, ça fait FOO, cherchez pas, c'est de l'humour de geek !). Bref, Formats-Ouverts.org est un blog technique qui promet, à la hauteur d'un Blogzinet (ce qui n'est pas peu dire) ou d'un Mozillazine-FR.org.

jeudi 15 juillet 2004

Firefox et le commerce électronique

Je viens de tomber (merci Benoît) sur deux articles d'un certain James Lewin, qui tient une rubrique dont le titre, Le commerce électronique en action, fleure bon les glorieuses années de la nouvelle économie. Mais il ne faut juger un livre par sa couverture, nous affirment les américains friands de proverbes ! En effet. En lisant les deux derniers articles de cette rubrique, on trouve des choses intéressantes :

Extrait de Consensus des informaticiens pour lâcher IE, article qui se fait l'écho de toute la presse négative récente sur IE.

Il y a environ deux ans, le flux continu de vulnérabilités dans le serveur Web IIS de Microsoft a poussé de nombreuses entreprises à rechercher des alternatives. Cela a été le point culminant pour IIS (en parts de marché). En 2002, la croissance continue des parts de marché d'IIS s'est arrêtée d'un coup. Depuis, elle ne cesse de décliner. Nombreux sont les informaticiens qui ont vu là une validation du processus open source, en particulier en ce qui concerne la sécurité. Est-ce maintenant le tour d'Internet Explorer ?

Et, un peu plus bas :

La pression est forte pour adopter et comprendre les navigateurs alternatifs, dont Mozilla, Firefox, Opera et Safari. Pour le E-commerce, la tendance à utiliser des alternatives à Internet Explorer pourrait aussi forcer des changements dans la façon de créer des sites et de les tester. De nombreuses sociétés on construit et testé leurs sites avec et pour IE, à cause de ses parts de marché. Les entreprises qui ont adapté leurs sites pour Internet Explorer devront revoir leur contenu en vue d'éliminer des dépendances sur des fonctionnalités spécifiques à IE, dont DHTML, VBScript et Active-X.

Dans l'autre article, En etudiant Firefox, on trouve une review très favorable de Firefox et sur sa facilité de migration depuis Internet Explorer. Plus loin, une analyse de l'importance que cela a pour les entreprises E-commerce et les développeurs Web :

Alors que les utilisateurs essayent les navigateurs alternatifs, cela augmente l'importance des tests des sites en développement sur plusieurs navigateurs. De nombreux sites affichent des messages interdisant leur visite avec autre chose qu'Internet Explorer. Cela n'est plus une politique acceptable, maintenant que ce dernier est reconnu comme source de risque. Si votre site nécessite Internet Explorer, il est temps de vous demander pourquoi, et de le rendre commpatible avec les standards du W3C. (...) Les futurs tests de sites devront inclure Firefox, ainsi qu'Internet Explorer en configuration ultra-sécurisée (...)

J'espère que les décideurs en charge de VirginMega.fr et Connect-Europe.com liront cet article et se demanderont s'ils n'auraient pas fait mieux de passer 2 spots publicitaires en moins sur TF1 et consacrer l'argent correspondant à écrire du code compatible avec tous les navigateurs... Parce que là, reprendre l'application juste après son lancement, ça va coûter bonbon !

Allez, finissons sur une note d'humour : vous savez comment faire une petite fortune avec un site commercial qui ne fonctionne qu'avec IE ? C'est tout simple, il suffit de commencer avec une grosse !

Statistiques

On fait tout dire aux chiffres, c'est bien connu. Pour les parts de marché aussi, nécessairement. Aussi, quand je vois passer des statistiques sur les parts de marché, je me méfie. Mozilla a-t-il 5% de parts de marché ? ou plutot 15% ? Tout dépend des sites. Et aussi, tout dépend de la façon dont il est comptabilisé. En effet, rares sont les systèmes capables de détecter correctement les navigateurs équipés du moteur Gecko. Ca n'est pourtant pas faute d'avoir essayé d'expliquer. Ce qu'on peut tout de même remarquer, c'est une tendance forte en croisant nos sources. Par exemple :

On voit bien une progression soutenue des navigateurs Gecko ces derniers mois. (Merci à Alain pour l'info).

En vrac, mais pas sans intérêt...

Aider l'administration à moins utiliser les logiciels Microsoft

On en parle depuis quelques semaines : l'administration française veut mettre en Microsoft en concurrence. Mais qui pourrait s'occuper de cela ? L'ADAE, bien sûr. Mais qui, au sein de l'ADAE ? Vous, cher ami lecteur !

En effet, l'ADAE recrute un Chargé de mission évolution poste de travail. Petit extrait de l'offre d'emploi :

Le titulaire devra disposer :

  • d'une pratique dans la mise en oeuvre de logiciels libres au niveau du poste de travail (installation, configuration, migration, déploiement,..)
  • d'une bonne connaissance des récentes évolutions technologiques, ainsi que des normes et standards
  • d'une bonne connaissance des stratégies déployées par les partenaires (éditeurs, intégrateurs, prestataires de service) en matière de logiciels libres,

De bonnes qualités de rédaction, d'animation et d'organisation sont indispensables ainsi qu'une excellente capacité à la synthèse.

Le poste nécessitant l'animation de groupes de travail et le pilotage de plusieurs chantiers, le titulaire devra faire preuve d'un très bon sens relationnel et de réelles qualités pédagogiques. La maîtrise de l'anglais est indispensable.

Et si ce poste ne vous convient pas, il y en a au moins 8 autres d'ouverts. Et mon petit doigt me dit que c'est urgent. Alors, ce CV, il est parti ?

Joyeux anniversaire Mozilla

C'est le premier anniversaire de la Mozilla Foundation ! Mitchell Baker, présidente de la Foundation nous offre un excellent texte qui figure temporairement en page d'accueil du site américain. C'est vrai que cette année est passée à la vitesse de l'éclair. Comme le dit le titre, le temps passe vite quand on s'amuse. Nouveau site, nouvelle approche centrée sur l'utilisateur, nouveaux produits qui vont bientot sortir, la création de Mozilla Europe, tout cela est extraordinairement excitant. Mitchell résume bien les résultats obtenus. En voici la traduction :

  • 5,5 millions de téléchargements de logiciels Mozilla ces trente derniers jours, y compris 3 millions de téléchargement de Firefox. Cela fait quasiment 200.000 téléchargements par jour !
  • Plus de 300 millions de pages vues cette année. Rien que 15 derniers jours, 10 millions de visiteurs de Mozilla.org
  • Un bouche à oreille incroyable sur Firefox, avec plus de 20.000 pages ayant des liens vers la page produit Firefox !

Il y a un an exactement, nous apprenions notre licenciement, qui suivait le chèque de 750 millions de dollars fait par Microsoft à AOL pour enterrer définitivement Netscape. Quand on voit le travail abattu en 12 mois, et surtout le retournement de situation, on peut se laisser aller à un peu d'auto-satisfaction et bomber le torse. Mais attention, les chiffres très prometteurs annoncés par Mitchell ont aussi un défaut : ils nous mettent la pression. Avec les attentes des utilisateurs sur Firefox 1.0, il va falloir assurer... Aller, un bon gros coup de collier jusqu'à Noël ! :-)

L'interopérabilité, c'est en supplément

Il y a une application sur Internet qui est restée en dehors de toute normalisation, avec les problèmes d'interopérabilité que cela génère : la messagerie instantanée. Chaque grand acteur a son protocole propriétaire : Yahoo (Yahoo Messenger), Microsoft (MSN Messenger), AOL (avec AIM et ICQ) et même Wanadoo, avec son Messager ! (Notons qu'Apple, avec son iChat, utilise le protocole d'AOL)

Seulement voilà, c'est chacun pour soi. Les utilisateurs sont donc pris en otage, à moins de multiplier les programmes incompatibles sur leur machine. Chaque fournisseur de service défend farouchement son territoire est ses abonnés. Cette situation est invivable depuis plusieurs années. Imaginons ce qu'un telle démarche aurait donné si, par exemple, SFR, Bouygtel et Orange avaient empêché leurs utilisateurs de s'appeler mutuellement ? Impensable, n'est-ce pas ? Et pourtant les fournisseurs de messagerie instantanée l'ont fait !

Les entreprises, qui aimeraient bien utiliser la messagerie instantanée, se retrouvent donc coincés entre les différents acteurs.

Mais le Washington Post révèle que dès 2005, tout cela sera du passé... pour peu qu'on s'acquitte d'une licence auprès de Microsoft.

En attendant, ceux qui souhaitent veulent disposer maintenant et gratuitement de l'interopérabilité peuvent remercier le logiciel Libre et télécharger Gaim ou encore utiliser le service Jabber. Les autres peuvent attendre 6 à 9 mois et commencer dès maintenant à faire des économies pour acheter la licence Microsoft qui ne tournera que sur un serveur Microsoft. (Source : Fabrice)

Et quatre de plus.

J'ai mal pour eux, avec 4 nouvelles failles de sécurité dans IE pour Windows. Notons deux bonnes nouvelles, d'après le bulletin de Secunia :

  1. l'utilisateur doit cliquer sur un lien pour déclencher l'attaque ;
  2. La beta du Service Pack 2 d'XP semble bloquer l'attaque.

Après les bonnes nouvelles, la mauvaise : de nombreuses personnes utilisent ces vulnérabilités pour installer des logiciels malicieux : The vulnerabilities are actively being exploited in the wild to install adware on users' systems.

Ce cher Bernard ne doit plus avoir de cheveux à l'heure qu'il est. Pour ma part, même si je sais à quel point les développeurs Mozilla sont conscients des problèmes de sécurité et ont fait des choix techniques évidents pour les éviter (pas de support ActiveX, noms de répertoires aléatoires pour les profiles, revues multiples du code source), le trou de sécurité est toujours possible (histoire vécue). Quand il arrivera, il faudra le corriger le plus vite possible, et dans de bonne conditions pour les utilisateurs. La mise à jour automatique prévue dans Firefox 1.0 devrait aider. Croisons les doigts !

Un petit coup de projecteur sur les standards...

A parler Logiciels Libres, sécurité (ou son absence) et du sens de la vie, j'en oublierais presque le sujet qui a donné son nom au StandBlog. Parlons donc un peu standards et accessibilité.

Foo Camp Europe ?

Mon petit doigt me dit qu'il y aurait peut-être, très prochainement, un FOO Camp européen organisé par Tim O'Reilly, sur le modèle de celui de 2003 en Californie. Quelqu'un peut confirmer ? Qui est invité ?

7 failles de sécurité corrigées par Microsoft

Faites chauffer les modems !. Deux de ces failles sont qualifiées de "critiques", quatre d'"importantes" et une de "modérée". Taille totale : 3,8Mo. Avec les différents patchs que Windows Update me suggère de télécharger, je dépasse largement les 20 Mo. Quand on pense à ce qu'on peut gagner en téléchargeant Firefox, qui pèse moins de 5Mo dans sa version Windows, ça vaut le coup d'essayer, non ?

Fahrenheit 9/11

Je sors tout juste du cinéma où je suis allé voir le dernier opus de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Alors que tout le monde se dirigeait vers le champ de mars et le Trocadéro pour regarder le feu d'artifice et se faire déchirer les oreilles à grands renforts de pétards, j'ai pour ma part choisi d'aller, pour une fois, au cinéma. J'ai aussi eu le droit au pétard, mais figuratif, et dans la G...

Je me suis pas mal documenté sur le sujet, aussi bien en lisant Michael Moore ou en achetant ses DVD qu'en lisant des lectures plus respectables comme le livre de Bob Woodward, Bush s'en va-t-en guerre, dont même les républicains disent qu'il est balanced.

Le début du documentaire est largement abordé dans Dude where is my country. Les familles Bush et Ben Laden sont étroitement liées à plusieurs points de vue, au point même que le demi-frère d'Ossama était aux cotés de Bush père à regarder s'effondrer les tours jumelles, le 11 septembre. Deux jours plus tards, 24 membres de la famille Ben Laden résidant aux USA (et des dizaines d'autres saoudiens) étaient rapatriés par avion dans leur pays, alors même que tous les avions étaient cloués au sol pour des raisons de sécurité.

La suite est du même tonneau : Moore enfile les contradictions comme des perles ou plutôt comme des rafales d'armes automatiques. Le montage est trépidant, l'émotion est présente. Tristesse, indignation, pleurs, rires, consternation, le spectateur est balloté et ressort vraiment secoué du film. Pour cette raison, aucun doute, nous avons bien à faire à du cinéma. Mais c'est aussi, et Moore ne s'en cache pas, de la propagande. Son objectif avoué : éviter que Bush ne soit réélu. Je croise les doigts pour qu'il atteigne son objectif.

Du coté républicain (pro-Bush), le message est bien compris, et les sites et actions en tous genres fleurissent ; voir par exemple MooreWatch.com. On peut détester le style Moore (style que j'ai moins retrouvé là que dans son excellent Stupid White Men), mais les faits sont là. Et pour le prouver, Michael Moore liste avec précisions tous les faits qu'il raconte, ainsi que ses sources. Impressionnant...

En substance, c'est un film à voir si la politique américaine (et son impact sur le monde) vous intéresse. C'est un bon moment de cinéma, un mauvais moment pour Bush, et c'est rassurant de voir que certains faits soigneusement cachés de l'homme le plus puissant de la terre peuvent sortir au grand jour.

En vrac

  • J'ai trouvé dans mes trackbacks un hébergeur Libre (et gratuit) qui a de la suite dans les idées, comme l'indique sa charte : Seront refusés (...) les sites ne fonctionnant pas correctement sous Mozilla (vous faites un site Internet pour qu'il soit vu dans le monde entier, par des milliers de personnes, alors prenez en compte l'ensemble des navigateurs !). Dans le cas où vous n'êtes pas très doué dans le domaine nous pourrons vous aider. Si le sujet de votre site en vaut la peine il n'y aura pas de problèmes. Rafraîchissant !
  • La blogosphère compte un blogueur de plus : Michael Moore.
  • Microsoft épinglé par la justice japonaise : La raison ? les sociétés japonaises ayant conclu des contrats avec Microsoft ne pourraient pas poursuivre le groupe en justice si elles voyaient leurs technologies brevetées utilisées dans des logiciels Windows. (Oui oui, relisez-bien la phrase et penchez vous sur mon article du 2 mars 2004).
  • Microsoft a recruté un voleur (français) de code source. Toute cette histoire tourne décidement au grand-guignol... (Notons que Microsoft ne savait probablement pas que son employé avait volé le code source d'Altavista).

mercredi 14 juillet 2004

Nostalgie électronique

Voici le site à la mode du moment dans la blogosphère, (je devrais créer une rubrique nostalgie rien que pour lui !) : Old Computers.

Voici donc un petit résumé de l'antique matériel qui m'a servi à user (et déformer) mes neurones :

Après cela, je suis passé sur du compatible IBM PC acheté chez les premiers assembleurs taïwanais.

Et puis aussi d'autres machines, pas vraiment des ordinateurs, mais programmables tout de même :

Pour enfin finir sur un X10 qui tourne essentiellement sous Windows...

Le navigateur en tant que plate-forme

Depuis quelques semaines, on discute à nouveau de ce concept évident (pour moi) et contesté (par d'autres).

C'est Joel Spolsky qui a remis le sujet sur la table, en écrivant son article How Microsoft Lost the API War. Son raisonnement (forcément tronqué, pardonnez-moi) est le suivant : Microsoft a gagné beaucoup d'argent grace à son contrôle sur les API. La nouvelle API, c'est HTML, et les nouveaux gagnants sur le marché du développement d'application seront ceux qui sauront qui pourront lui faire faire des prouesses.

John Gruber (Daring Fireball) dans The Location Field Is the New Command Line, nous explique :

Je réfléchis depuis quelque temps sur l'importance croissante du Web en tant que plate-forme applicative. Mais ça n'est qu'en lisant le remarquable article de Spolsky de la semaine dernière que j'ai effectivement réalisé ceci : Microsoft a complètement merdé quand ils se sont attaqué à Netscape. Ce n'était pas Netscape qui était une menace pour Windows en tant que plate-forme applicative. C'était le Web lui-même.

Un apparté sur le sujet : je dois rajouter que Microsoft s'est attaqué à Netscape parce que c'était une entité commerciale, et donc facile à attaquer financièrement en la ruinant en supprimant son marché. Le Web lui-même a été attaqué, mais d'une autre façon, beaucoup plus subtile. Il a "suffi" de l'aliéner en obtenant le monopole des navigateurs, puis de le laisser pourrir en arrêtant son évolution, alors que la technologie n'était pas mûre. Je reviendrais sur ce sujet. En attendans, revenons à nos moutons :

Ian Hickson (Contributeur Mozilla, Expert invité au W3C et maintenant employé Opera), enfonce le clou dans son article State of the What. Il relit Spolsky et en fait un résumé complémentaire :

Joel Spolsky a écrit un article intéressant expliquant pourquoi Microsoft a arreté subitement le développement d'Internet Explorer il y a plusieurs années, malgré un nombre incroyable de bogues. Voilà le résumé rapide : ils ont réalisé que IE était en concurrence avec leur système d'exploitation en tant que plate-forme préféré pour le déploiement d'applications. Compte tenu qu'ils gagnent de l'argent avec leur système d'exploitation, et que cela n'est pas le cas avec IE, le choix était clair.

Les choses sont donc claires : Microsoft redoute le Web comme la peste, car il menace, en 2004 comme en 1996, sa plate-forme applicative Windows. Seulement voilà, tout le monde n'a pas forcément les moyens de déployer du Windows partout, ni la possibilité de déployer des applications lourdes (avec installation), là où les applications Web sont utilisables de suite et de partout, comme un Webmail, par exemple.

Tout le monde s'accorde à dire que les applications Web n'offrent pas (encore) le niveau d'ergonomie d'une application lourde. Pour un certain nombre d'applications, le plus souvent textuelles, ça n'est pas gênant. Par exemple, DotClear et Gmail sont très efficaces à l'utilisation. (J'utilise beaucoup DotClear, et presque exclusivement au clavier). Par contre, pour du graphisme ou d'autres usages, l'application Web est très nettement derrière l'application dite lourde.

Qui donc peut proposer une alternative à l'application sur client lourd ? Faisons un peu le tour de la question et des candidats éventuels :

  • Flash. C'est Dave Shea (Mezzoblue, CSS Zen Garden), dans son article Web apps are hot, qui parle de Flash : plus de 90% des utilisateurs Web ont un plug-in Flash installé, et Flash s'affiche de façon identique sur les différentes plates-formes. Souvenons-nous de ce que Joel nous rappelle : Tout est une question de développeurs.
  • Java. Oui, je sais, je sais. J'entends le cliquetis des couteaux à cran d'arrêt. Merci de les ranger et de me laisser terminer mon paragraphe... Java n'a pas eu le succès que le marketing de Sun voulait nous faire croire, du moins dans le cadre du navigateur. Coté Serveur, ça marche beaucoup mieux (cf xWiki), et finalement coté application installée sur un client lourd, j'aurais mauvaise grâce à en dire du mal : j'utilise en ce moment même jEdit pour écrire ce texte (et j'en suis ravi). Quoi qu'il en soit, Java dans le navigateur, c'est globalement Out.
  • XUL. Un savant mélange de XML, JS, CSS et HTML, utilisé par les navigateurs issus de Mozilla. A dire vrai, les interfaces utilisateur de Mozilla 1.x et de Firefox sont écrites en XUL. On obtient une ergonomie comparable à celle de l'application installée, en bénéficiant de la flexibilité de l'application Web. Voir le Mozilla Amazon Browser pour une démo et des explications, ou encore l'incontournable XUL FR. Inconvénient majeur : il faut avoir installé Mozilla ou Firefox pour déployer du XUL. Notons qu'en rajoutant la technologie SVG, on doit pouvoir offrir aux applications XUL des fonctionnalités inatteignables par les applications Web.
  • les technologies du W3C, sur la base de XML. SVG, SMIL, etc... Mais on en est encore trop loin en terme d'implémentation, et surtout Microsoft n'a pas du tout l'air d'aller dans cette voie là.
  • une version améliorée de HTML. C'est toute la démarche du WHAT Working Group. (Plus de détails sur le site du W3C). Il s'agit là d'une démarche practico-pragmatique, qui pourrait assurer la compatibilité avec Internet Explorer. C'est là son principal intérêt : permettre l'évolution des applications Web, sans pour autant avoir à déployer de nouveaux clients Web. Le développement est rapide et assez informel, et vise à être standardisé par la suite auprès du W3C. Une telle approche n'aura pas le panache ni les fonctionnalités apportées par XUL, mais elle a l'immense intérêt d'être incrémentale, et d'être rapidement disponible et sans déploiement de client Web à l'échelle du globe.

Voilà donc où nous en sommes. D'un coté figure Microsoft, avec sa volonté farouche de conserver son monopole sur Windows (et la valeur commerciale de cette plate-forme), veut à tout prix brider le Web, qu'il considère à juste titre comme une menace, tout comme Linux et le Logiciel Libre. De l'autre coté, on trouve un certain nombre d'acteurs, commerciaux ou non, et d'utilisateurs, qui considèrent que le Web est un outil formidable (humainement, commercialement), même s'il n'en est qu'à ses premiers balbutiements.

Les deux logiques s'affrontent. Connaissant Microsoft et ses méthodes (7 ans chez Netscape, ça vous forge une expérience dans le domaine), je prédis une guerre sanglante et quantité de coups bas.

Il ne s'agit pas d'attaquer Microsoft, mais bien de défendre le Web, Internet et la diversité de l'informatique.

Ca n'est pas une guerre contre Microsoft, mais bien une guerre pour l'avenir et pour Internet.

Et Firefox, je le souhaite, sera la première victoire pour se ré-approprier le Web. Mais la nouvelle guerre des navigateurs n'est en fait qu'un début dans une épopé qui va s'avêrer captivante, pour qui n'est pas massacré sur le champ de bataille...

mardi 13 juillet 2004

Test de personnalité

Je viens de faire un test de personnalité. (Source : Eric Meyer)

Le résultat est impressionnant :

You are an SECL - Sober Emotional Constructive Leader. This makes you a politician. You cut deals, you change minds, you make things happen. You would prefer to be liked than respected, but generally people react to you with both. You are very sensitive to criticism, since your entire business is making people happy. At times your commitment to the happiness of other people can cut into the happiness of you and your loved ones. This is very demanding on those close to you, who may feel neglected. Slowly, you will learn to set your own agenda--including time to yourself. You are gregarious, friendly, charming and charismatic. You like animals, sports, and beautiful cars. You wear understated gold jewelry and have secret bad habits, like chewing your fingers and fidgeting. You are very difficult to dislike.

C'est bien payé, un SECL ? Mieux qu'un décerveleur ?

Comment choisir son extension Firefox

Voilà une question qui m'est souvent posée. Un gentil lecteur me fait part d'un fil de discussion / tutoriel sur un forum et qui répond à cette question. (Lourd à charger, mais l'abondance de copies d'écran facilite la compréhension).

Pour ma part, je fais dans le léger (il faut dire que je ne suis passé à Firefox qu'avec la 0.9). Voici donc mes extensions préférées :

Bien sûr, j'utilise le plug-in Flash et je pourrais aussi installer le plug-in Shockwave (mais je ne l'ai pas fait).

A l'avenir, je vais tenter d'autres extensions :

TF1, encore...

Mais cette fois-ci, dans le bon sens, avec deux articles parus sur leur site Web :

Il est essentiel, pour la réussite de Mozilla et de Firefox en Europe, que la presse grand public se fasse l'echo de nos logiciels. Le passage sur le site TF1.fr est un excellent début. Certes, ça n'est pas encore le journal de 20 heures. Quoique... Ce Cher Bernard y a déjà eu droit il y a quelques jours, suite au virus SCOB / Download.Ject...

mise à jour : l'Expansion s'y met aussi. Le déclin d'IE est apparemment favorable à Mozilla qui a gagné quelque 26% entre le mois de juin et le mois de juillet, passant de 3,21% à 4,05% de parts de marché.

TF1 et le sens de la vie

C'est fou comme une dépèche AFP peut pousser à se poser des questions existentielles. Démonstration :

L'AFP nous livre une dépèche sur un nouveau livre à sortir, Les dirigeants face au changement (Editions du Huitième jour), et nous offre un extrait de la pensée de Patrick Le Lay, PDG de TF1 :

Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste: à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. (...) Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible.

Voilà qui est clair.

Nous apprenons par ailleurs que Monsieur Le Lay ne regarde presque pas la télévision et préfère la poésie, les livres anciens, la peinture contemporaine (source : Management). A ce sujet, il ajoute :

Forcément, on s'interroge : comment ce Breton (...) aux centres d'intérêt élitistes s'est-il retrouvé patron de la chaîne populaire par excellence, celle de Vincent Lagaf', de "Greg le millionnaire" et de "L'Ile de la tentation" ? Comment un homme si peu intéressé par la télévision a-t-il pu consacrer déjà dix-sept ans de sa vie à transformer l'antique "première chaîne" en une redoutable "cash machine" ? Réponse : a) par devoir ; b) par devoir.

Le devoir de quoi ? De gagner beaucoup d'argent ? D'avoir du pouvoir ? De trouver de nouvelles manières d'abrutir les gens qui n'ont pas eu la chance de faire de longues études ? Tout cela me dépasse. Du haut de ma naïveté, je dois consterner le lecteur averti, qui est aussi dans la même démarche que Patrick Le Lay : gagner sa vie en trouvant de nouvelles manières d'exploiter les faiblesses des autres.

Dans la même veine, je discutais récemment avec un proche qui travaille dans le marketing. Il m'expliquait en substance, que vraiment, les gens sont cons et rajoutait en guise de démonstration : regarde un produit comme la cigarette : c'est un produit qui tue, mais on arrive quand même à le vendre en faisant croire aux gens qu'en l'utilisant, ils seront cools. C'est dingue, non ?.

Personnellement, je ne considère pas la cigarette et TF1 comme des facteurs de progrès pour la société (notez l'euphémisme) ; à constituer des fortunes pour les actionnaires, certes. Mais abrutir et tuer (à petit feu) ses congénères n'est pas, à mon sens, la meilleure façon de faire progresser notre civilisation.

Donc voilà la question existentielle que je me pose actuellement : Etre intelligent et cultivé, est-ce que cela ne donne pas aussi le devoir (mot que semble bien comprendre M. Le Lay) de participer au progrès de ses congénères ?. Est-ce que s'enrichir en contribuant toute sa vie à la médiocrité ambiante peut être considéré comme une grande réussite ?

Vous avez jusqu'à la semaine prochaine pour concocter un devoir de philo aux petits oignons. Après, je ramasse les copies !

Mise à jour : d'après Acrimed (qui reprend la dépèche AFP), Libération aurait titré Patrick Le Lay, décerveleur. Bien vu :-)

Nouvelle mise à jour : avec un extrait des Guignols de l'info, rapporté par mon ami Thierry :

La marionnette de PPDA : Mais voyons Patrick, on ne peut pas dire ça des téléspectateurs !

La marionnette de Patrick Le Lay : Mais je m'en fous de ces connards qui regardent ces émissions de merde. Est-ce que je passe mon temps devant cette télé débile ? Non, je bosse !

lundi 12 juillet 2004

Des nouvelles de Mozilla et de Firefox

  • Firefox 0.9.2 et Thunderbird 0.7.2 sont disponibles en français. Bravo (encore) à l'équipe FrenchMozilla !
  • Switch to Firefox : une parodie des pubs Apple, avec des utilisateurs expliquant pourquoi ils ont abandonné Internet Explorer en faveur de Firefox. Très joli, et conforme aux standards, en plus !
  • Point d'inflexion dans les statistiques : Pour la première fois depuis plusieurs années, la courbe des statistiques d'Internet Explorer a baissé, avec 4,05% de parts de marché pour Mozilla, ce qui me semble bien faible dans l'absolu. Il est certain que les téléchargements depuis le FTP de Mozilla.org sont en forte croissance depuis plusieurs semaines. Le récent problème de sécurité d'Internet Explorer (SCOB / Download.Ject) vient se rajouter à cela mais n'est pas à l'origine de l'engouement pour Firefox. L'article mentionne 200.000 téléchargements de Firefox par jour.

En vrac, mais pas sans intérêt

Je m'éloigne donc quelques jours d'Internet, et malgré l'été, quantités de choses se sont passées... Petit récapitulatif rapide :

  • Marc Olanié dans un de ses meilleurs moments, nous fait un article sur la sécurité façon Audiard : Windows XP éparpillé "façon puzzle". On se croirait dans une célèbre cuisine ! Et quand Josh commence à causer, c’est comme le vent des steppes de l'Ukraine dans la salle commune du couvent des oiseaux, le jour du concours de châteaux de cartes.
  • Mandrake annonce fièrement un contrat portant sur 1.500 serveurs (en remplacement de Windows NT) au Ministère de l'Equipement. On apprend dans ce communiqué de presse que l'administration française dispose d'un million d'ordinateurs... On comprend mieux ll'enjeu et la raison pour laquelle Microsoft s'agite tant depuis l'annonce de mise en concurrence avec l'Open-Source.
  • Encarta 2005 va sortir et Olivier raisonne juste. Là est la question : vaut-il mieux consommer ou partager ?
  • Paraphrasons Mongénéral : Xavier Niel outragé, mais Xavier Niel libéré !. (cf FreeBox et Porte-Jaretelles pour comprendre le contexte).
  • Licence Libre française : CeCILL vient de sortir (Fichier PDF). D'après ZDNet, La première licence française de logiciel libre déplaît aux créateurs de la GNU GPL. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi. A mon avis, la présence d'une licence en français, rédigée par des établissement cautionnés par l'Etat, ne peut que faire faciliter la progression du Logiciel Libre en France. Mais je ne connais pas les dessous de l'affaire...
  • Microsoft et la ville de Paris : Libération annonçait 60% de remises, ZDNet parle de 80% ! Jusqu'où s'arrêteront-ils ? (c) Coluche.
  • Le jeune Nicolas Hoffman se fait plaisir avec des skins pour son blog avec des CSS avancées. Il a du talent et du goût, ce petit !

Trou de sécurité dans Mozilla : résolu !

Alors que j'étais en train de m'empiffrer d'une paëlla dans le sud de la France, un journaliste m'appelle sur mon mobile pour me demander ma réaction sur un trou de sécurité dans Firefox. J'avale de travers la bouchée en cours, manque de moucheter mon épouse qui déjeunait en face de moi (le riz safrané, ça tache !) et je tente de reprendre mes esprits. Etant déconnecté d'Internet depuis une semaine (hormis une rapide connexion mardi), je suis pris de cours, et j'explique ma position à mon interlocuteur, qui est désolé de me déranger pendant mes vacances.

Mozilla est donc victime d'un trou de sécurité. J'ai toujours su (et dit) que ça arriverait un jour où l'autre. Mais maintenant que ça arrive, il est temps de montrer que l'équipe de développement est à la hauteur. Les questions affluent :

  • Quand seront-nous capables de résoudre le problème ?
  • L'attaque est elle-grave ?
  • Des utilisateurs ont-ils été touchés ?
  • Comment communiquer rapidement la solution à nos utilisateurs ?

Après un appel téléphonique avec un des co-fondateurs de Mozilla Europe, je suis soulagé. Moins de 24 heures après la découverte du trou de sécurité, une solution est prévue :

  • Les versions corrigées des produits sont disponibles sur le site FTP. Ainsi, les prochains utilisateurs à télécharger nos logiciels seront protégés ;
  • Un patch (de 500 octets, format XPI) est disponible pour ceux qui ne veulent pas télécharger un nouveau binaire, avec un mode d'emploi ;
  • Il est possible de modifier le paramètre à la main pour ceux qui le souhaitent :

dans la barre d'adresse, tapez about:config, cherchez shell (il y a un champ de recherche intitulé filter qui permet cela) et assurez-vous que la valeur indiquée à droite est bien false. Sinon, changez-là avec le menu contextuel modify et indiquez false. Quittez l'application et redémarrez-là pour prendre en compte ce changement de paramètre.

Il reste alors à Mozilla Europe à mettre à jour le site pour demander à nos utilisateurs de bien vouloir appliquer le patch ou télécharger une nouvelle version. Je discute de ce que nous devons faire. Je suis partisan d'une annonce en première page. En quelques heures, les bénévoles rédigent une mise à jour du site, se relisent mutuellement et publient le résultat.

Il y a quelques conclusions à tirer de cette aventure :

  • Malgré mon incapacité à me connecter, l'équipe a su réagir intelligemment et rapidement, car disposant des droits de publication et d'un processus de publication assez flexible pour faire face à l'imprévu ;
  • Mozilla.org a réagit avec une grande rapidité, et je les félicite ;
  • Là où nous avons été moins bon, c'est en laissant ce trou de sécurité dans les logiciels. En théorie, il était bouché par une mise à jour de Windows installée avec Internet Explorer 6 Service Pack 1, mais il semblerait que la rustine de Microsoft n'ait pas été à la hauteur. Notre faute a été d'avoir fait confiance en Microsoft... Notons que ce trou de sécurité n'existe pas sur Mac OSX ni Linux.

mardi 6 juillet 2004

And BANG! Here goes the USB stick

I have an idea in order to promote the newer Mozilla products. I use it in all the various talks I do about Mozilla in Europe. I call it the BANG! Here goes the USB stick! routine. Here is what I say to the audience:

I carry with me a USB-stick/keyring with Firefox and the Flash plug-in. [Wave USB stick to the crowd]. I am sure it's the same for most power users: most of the times when I visit friends or my family, someone complains about viruses, pop-ups and spam, and ask me to fix their computer. So I "pop-up" my USB-key and install Firefox and the Flash plugin is less than a minute, then do a quick demo, show tab browsing, pop-up blocking, talk about extensions, mention security and try to find what feature could "hook" my friend to FireFox, then demonstrate it. It works everytime and takes less than 5 minutes. You could do the same with Thunderbird if spam is an issue for the person you're talking to. I've done this quite a few times, and people are really happy and excited to get an elegant solution to their computer problems. You too can buy a USB stick and do the same. That way, the World (Wide Web) can become safer and more fun.

I can promise that everytime I do this little routine, the crowd gets really excited, and has at least a good laugh. (An me too, by the way). (Text taken from a comment I left on Blake Ross' blog).

Brevets logiciels et langue de bois

Il y a quelque temps, j'ai écrit au Premier Ministre une lettre ouverte à propos des brevets logiciels. J'ai reçu deux réponses successives, la première provenant du bureau du Premier Ministre, m'informant que ma demande avait été transmises au ministère de l'Industrie, et la seconde, provenant précisément du dit ministère. D'autres personnes ayant reçu des courriers identiques, et ma lettre d'origine étant publique, je me dois de publier la réponse que j'ai reçu. Lors de la première lecture, je dois dire que j'ai eu l'impression de m'être trompé sur les brevets logiciels. En effet, il m'a semblé que le gouvernement avait compris l'enjeu : les brevets oui, mais pas les brevets logiciels !

Et puis j'ai lu et relu ce document, et j'en ai discuté avec des personnes très au fait des brevets logiciels. Très concrètement, je suis arrivé à l'amère constatation que j'ai failli me faire endormir par un magnifique spécimen de langue de bois'. Voici donc le document d'origine que j'ai reçu, annoté pour mieux comprendre comment on peut, en jouant sur les mots, annoncer Noir en ayant l'air de dire B-L-A-N-C. Que le lecteur me passe le coté explication de texte'' (exercice que j'ai toujours détesté pendant ma scolarité), mais là, l'enjeu est trop important pour ne pas dénoncer ce qu'il se passe, sur un sujet d'une telle importance...

Monsieur le Président,

(j'écrivais en tant que président de Mozilla Europe, ce qui me vaut un titre ronflant en retour).

Vous avez attiré l'attention de Monsieur le Premier Ministre sur la question de la brevetabilité des logiciels.

Le projet de directive européenne portant sur la brevetabilité des inventions mises en oeuvre par ordinateur a pour finalité d'harmoniser au sein de l'Union européenne et de mieux définir les conditions de la brevetabilité, en en précisant les limitations, tout en restant respectueux des accords internationaux auxquels nous adhérons.

Jusque là, rien de choquant. Notons la référence voilée à l'OMC sous le vocable accords internationaux, que nous retrouverons plus bas.

En Europe actuellement, une invention est brevetable si, relevant d'un domaine technologique, elle est nouvelle, implique une activité inventive et est susceptible d'application industrielle. Pour impliquer une activité inventive, une invention doit apporter une contribution technique. Ces critères sont bien plus restrictifs que ceux appliqués aux Etats-Unis, où, en l'absence d'exigence de contribution technique, la jurisprudence a pu étendre le champ de la brevetabilité aux logiciels et aux méthodes d'affaires, ce qui ne semble d'ailleurs pas empêcher le logiciel libre de s'y développer.

On a pu voir précédemment que cela allait changer

En Europe, un logiciel en tant que tel n'est pas considéré comme une invention brevetable : ne peut l'être qu'une solution technique innovante apportée à un problème technique, solution qui peut être mise en oeuvre par des moyens matériels ou logiciels.

Attention, c'est là que réside le tour de force ! Avez-vous pu, ami lecteur, le détecter ? Relisez-donc la phrase précédente. On peut donc breveter une solution technique innovante apportée à un problème technique, solution qui peut être mise en oeuvre par des moyens matériels ou logiciels. Bref, on peut breveter le logiciel !

Le gouvernement français souhaite conforter cette vision européenne du champ de la brevetabilité, limité au domaine technologique qui est le seul pour lequel les critères de brevetabilité, que j'ai rappelés ci-dessus, sont pertinents. C'est pourquoi le gouvernement n'est pas favorable au brevet logiciel tel qu'il a pu se développer aux Etats-Unis.

Autre glissement sémantique : le gouvernement n'est pas favorable au brevet logiciel tel qu'il a pu se développer aux Etats-Unis. Certes, le gouvernement est favorable au brevet logiciel (voir la note précédente) mais pas tel qu'il a pu se développer aux USA. Et pour cause, même aux Etats-Unis, on s'accorde à dire que le système est un frein majeur à l'innovation, et qu'il faut le réformer en profondeur.

Si des ambiguïtés étaient présentes dans le projet initial de directive élaboré par la Commission européenne et avaient motivé des réserves de la France vis-à-vis de ce texte, les amendements proposés par la commission juridique du Parlement Européen permettent de les corriger dans le sens approprié, à l'instar de ce qui avait été proposé par le groupe de travail des représentants des Etats-membres de l'Union européenne.

Là, nous sommes d'accord. Le parlement Européen a fait un travail formidable de modification du texte, suite à un non-moins formidable travail éducatif mené par les opposants au projet de brevetabilité des logiciels.

Cependant certains des amendements votés par le Parlement européen en septembre 2003 vont au-delà : leur formulation est incompatible avec les accords internationaux sur les droits de propriété intellectuelle, que tous les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce se sont engagés à respecter.

Le message est clair : le processus de brevetabilité des logiciels est en fait déjà perdu puisque, via l'OMC, la France a déjà accepté de s'aligner sur les USA... Bref, on retrouve l'excuse déjà tant entendue depuis la cour de l'école maternelle : c'est pas moi, c'est lui !. La France est contre le brevet logiciel, mais c'est l'OMC qui nous y force. On trouve deux réponses très bien faites à cet argument : sur le site de l'ABUL et un autre au format PDF.

C'est pourquoi, tout en prenant en compte les préoccupations exprimées par le Parlement européen, la majorité des Etats-membres de l'Union européenne estiment ne pouvoir retenir les dispositions qui excluraient de fait du champ de la brevetabilité des domaines technologiques tels que le traitement des images, le traitement du signal ou le contrôle-commande de procédés, pour lesquels le développement de l'innovation repose largement sur la possibilité de la protection par brevets, sans que cela n'exclût, pour les acteurs économiques qui le souhaitent, le développement et l'utilisation de logiciels libres. En effet la publication d'une invention, si elle a bien l'antériorité requise, interdit à un tiers de la revendiquer.

Notons là une pirouette remarquable : rien n'empêche d'utiliser des logiciels Libres, du moment qu'on peut se défendre contre les brevets logiciels. Il y a là un oubli de taille : comment un développeur de logiciel Libre ou une PME peut-il disposer des ressources financières pour engager un avocat et se défendre contre les attaques d'un des géants américains de l'informatique ? Ca n'est tout simplement pas possible.

C'est dans cet esprit, qu'un projet révisé de directive a été validé le 18 mai dernier par le Conseil européen, projet qui sera soumis en deuxième lecture au Parlement européen.

Ce deuxième projet de directive (voir liens ci-dessous) pose d'immenses problèmes qui sont largement détaillés dans les analyses que je mentionne.

Le gouvernement français est par ailleurs favorable à une application rigoureuse des critères de brevetabilité afin d'améliorer globalement la qualité des brevets délivrés.

Ah, comme j'aimerais que cela soit autre chose qu'un voeu pieu ! Rappelons que dans le cadre où les brevets logiciels sont ne sont pas permis en Europe, on trouve déjà des brevets portant sur des logiciels, et qu'ils portent sur de prétendues inventions dont on a constaté l'existence bien avant le dépot du brevet. (Voir liens ci-dessous)

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sincères salutations.

Pierre Valla Sous-directeur de la Normalisation, de la Qualité et de la Propriété Industrielle MiNEFI / DiGITIP

La signature de cette lettre-type en dit long, avec ses acronymes. Plus précisément, la DiGITIP est la Direction qui gère les brevets, et qui verrait son domaine largement étendu (et donc son pouvoir) si les brevets logiciels étaient adoptés. Tout s'explique...

L'Europe est à la croisée des chemins. En manquant de courage politique, en laissant, au sein des administrations, prévaloir les luttes intestines pour le pouvoir, on laisse les brevets logiciels brider l'innovation technologique européenne, et l'on verra alors les acteurs américains prendre définitivement le dessus.

Le futur sera alors très sombre pour l'informatique européenne. Privée de l'aubaine des logiciels Libres, elle sera au mieux cliente des USA, tout en étant concurrencée au niveau des services par les délocalisation en Inde. Et-ce vraiment ce que souhaitent nos hommes politiques ?

Pour mieux comprendre le contexte :

jeudi 1 juillet 2004

Grève du Standblog !

Il est temps que je prenne un peu l'air. Moins de blogging (voire pas du tout) pendant quelques jours. A bientôt !

Microsoft et son amende : info ou intox ?

Dans un article intitulé La République lâche Windows pour Linux, RFI fait le point sur la volonté affichée d'adopter le Libre dans le cadre de la modernisation de l'administration française. Mais dans le dernier paragraphe, on remarque une info qui parait tres intéressante (même si elle n'est pas confirmée à l'heure qu'il est) :

Tel que c’est parti, dans quelques années Windows sera à ranger au placard. La menace est prise très au sérieux par Microsoft qui a décidément de plus en plus du mal à trouver des partenaires, mais qui ne s’avoue pas vaincu pour autant. Microsoft France se dit prêt à relever le défi que représente la volonté du gouvernement de recourir davantage aux logiciels libres. Christophe Aulnette, le président de Microsoft France reste confiant : «ce qui nous paraît important, c’est de regarder le coût global des solutions informatiques. Parce qu’en fait, le logiciel libre, ce n’est pas gratuit, cela coûte même très cher en maintenance, en services et en formation». La position de Microsoft semble désormais si délicate sur le marché européen que le géant des logiciels a réglé, jeudi 1er juillet, l’amende de 497 millions d’euros que lui a infligé en mars dernier la Commission européenne pour abus de position dominante.

Alors, Info ou intox ? (Source : marc[i1], lecteur du Standblog).

Mise à jour : Microsoft a bien payé :

Microsoft a donc choisi de payer, même s'il a demandé à la justice européenne l'annulation de sa condamnation et la suspension de l'application des mesures "remèdes" exigées par la Commission pour rétablir la concurrence sur le marché européen.

Valse de juillet

On dirait que ce premier juillet est comme un electro-choc pour le petit monde de l'Internet :

  • Geckozone se transforme en portail francophone sur Mozilla (très joli boulot les gars !) ;
  • C'est FOO ! Un nouveau blog sur les Formats ouverts vient... d'ouvrir ! formats-ouverts.org. C'est vide pour l'instant, mais ça ne devrait pas durer !
  • Stephane Treppoz se fait lourder (il va se sentir tout nu sans le caméraman qui le suivait à la cantine !). Et maintenant, que va-t-il faire de tout ce temps et de son golden parachute ? (Rien à faire, je n'arrive pas à pleurer le pauvre petit requin riche... Je dois manquer d'entraînement) Stéphane, si tu me lis, je dois te rassurer : tu n'as pas réussi à faire d'AOL France une filiale très profitable ? Peu importe, regarde donc ce qui s'est passé au Japon très récemment. Et tes millions devraient t'aider à faire passer la pilule !
  • Tantek publie son message à d'adieu à Microsoft. A le lire, on comprend mieux tous les efforts qu'il a pu déployer pour faire progresser les standards et un vrai navigateur au sein de Microsoft. Avec le recul, son histoire est finalement très comparable à celle de l'équipe Netscape, sauf que le code source de Tasman n'est pas Libre, et qu'il n'est donc plus possible de le faire évoluer. Take care, Tantek, and I want to congratulate you and thank you for all the great job done on Tasman and Web standards while being at Microsoft. Keep us posted!
  • Opquast est lancé en version Bêta. (oui, j'en ai déjà parlé, mais je ne m'en lasse pas !) ;
  • Si ça continue comme ça, l'excellent Paul Boutin aussi va quitter Microsoft : il publie dans Slate (filiale de Microsoft) un article intitulé Est-ce le retour de la guerre des navigateurs ? Ou comment Firefox bat Internet Explorer. Paul, accroche-toi à ton fauteuil : dès que Bill a vidé la sulfateuse sur les Libristes, il la recharge et va faire le ménage dans ses propres rangs !

Sécurité : des chiffres et des spéculations

Ces jours-ci, Internet Explorer est descendu en flèche par les médias, c'est un fait. Est-ce justifié ?

D'après les chiffres Vulnerabilite.com (repris par Silicon.fr et Présence-PC), on peut considérer que c'est justifié. Jugez plutôt le nombre de vulnérabilités pour les différents navigateurs :

  • Internet Explorer : 235 (bizarre : Security Focus parlait de seulement 153 vulnérabilités) ;
  • Mozilla : 15 ;
  • Opera : 14 ;
  • Netscape (mais quelles versions ?) : 7 ;

Comme on dit sur parfois sur les champs de course, ya pas photo !

Mais la certains affirment que c'est la popularité du navigateur qui fait que les pirates s'attaquent à MSIE. Il est certain que ce facteur rentre en compte. Certains affirment, comme Présence-PC : si les concurrants (SIC) du fureteur de Microsoft avaient sa popularité, le nombre de leurs failles serait plus important. Même son de cloche chez Silicon.fr : Si un jour les logiciels concurrents prennent plus de poids, il est quasi certain que nombre de failles seront découvertes et exploitées sur ces derniers, ce qui pourrait soulager d'autant IE..

Seulement voilà, ça n'est pas le cas, et Eric Raymond l'explique très bien :

Si être exposé au monde était le principal facteur des problèmes de sécurité dans les logiciels, alors Apache aurait un nombre incroyable de fissures, de bogues et de trous, car comme je le disais, il est utilisé par environ 60% des sites Web dans le monde. Mais en fait, si vous regardez les statistiques, vous découvrirez que Microsoft IIS, qui est utilisé bien moins souvent que Apache, est piraté bien plus souvent. De ce fait, ça n'est pas la fréquence de déployement qui fait augmenter le nombre de bogues. C'est la vulnérabilité intrinsèque du logiciel aux problèmes de sécurité.

Comme on dit parfois dans les cours de mathématiques, CQFD !, d'autant que la récente attaque SCOB - JECT était lié à des failles d'Internet Explorer et de IIS ! Notons enfin la découverte de nouveaux trous de sécurité, aujourd'hui même ! Bref, c'est Belote, re-belote et 10 de der', comme on dit dans les cafés de province...

Mais revenosn à nos moutons : Mozilla est intrinsèquement mieux sécurisé car :

  • le code est revu et re-revu (mécanisme de review et super-review) ;
  • Les développeurs ne mettent pas en place de fonctionnalités non sécurisées sous pretexte que ça fait plaisir au marketing (et pour cause, le marketing chez Mozilla est quasiment inexistant, et quand je braille, les développeurs ne m'écoutent pas ;-) ) ;
  • Mozilla n'intègre pas les technologies les plus dangereuses qui sont à la source des principaux problèmes de sécurité de MSIE, dont ActiveX.

Encore une fois, cela ne veut pas dire que Mozilla n'aura jamais de trou de sécurité. En vérité, je peux même vous affirmer qu'il y en aura. Mais d'ici à ce qu'on arrive à égaler Internet Explorer et ses chiffres astronomiques...

Dans tous les cas, seul l'avenir le dira. Mais laissons aux navigateurs modernes leur présomption d'innocence...

Appelez-moi Tristadamus

Je pars ce soir en vacances pour quelques jours. Mais avant cela, je tiens à partager une intuition qui me turlupine (de cheval, désolé pour cet humour graveuleux qui pourrait froisser nos amis turfistes). Cette intuition porte sur le futur d'Internet Explorer. Voilà un certain nombre de faits et de rumeurs qui me font réfléchir :

Bref, les utilisateurs et les medias font (enfin) passer le message : Internet Explorer est un produit obsolète et dangereux, et des alternatives de grande qualité sont disponibles (FireFox, Mozilla, Opera). Par ailleurs, Microsoft semble se donner les moyens de sortir une nouvelle version : des développeurs sont assignés à cette tâche et la sortie du Service Pack 2 est une occasion de lancer une nouvelle version. Nouvelle version, le mot est laché. C'est là mon intuition (pourrais-je dire ma prédiction ?)

Microsoft, avec le Service Pack 2 qui arrivera cet été, va lancer une nouvelle version d'Internet Explorer, probablement une version 6.5. Et annoncer la version 7.

La version 6.5 ne serait rien d'autre qu'une version 6.0 avec des correctifs de sécurité et un paramétrage plus strict (plus sécurisé) par défaut. Histoire de dire que c'est une nouvelle version, on rajoutera le blocage des pop-ups, qui sera une bien piètre consolation pour faire gober à l'utilisateur le fait qu'il devra changer ses mauvaises habitudes de navigation, du fait du paramétrage plus strict de son navigateur. Justement, à défaut de donner un produit réellement innovant et rapide à l'utilisateur (un IE a peine relooké), il faut le faire rêver pour lui donner envie de rester avec IE en attendant une version prochaine du navigateur : IE 7.0.

En ce qui concerne les nouvelles fonctionnalités apportées par IE 7.0, tout dépend de quand va sortir cette version. Car Microsoft a énormément de pain sur la planche :

  • Rajouter des fonctionnalités à son interface, comme la navigation par onglet, c'est assez facilement faisable (MyIE2 et AvantBrowser savent faire, Microsoft pourrait licencier leur code)
  • Augmenter les performances d'Internet Explorer (maintenant largement derrière Firefox), c'est quasiment impossible. La base de code d'IE est très ancienne et a été torturée au cours de la guerre des browsers pour y rajouter à la va-vite des bidules pour faire la nique à Netscape. La maintenir est difficile, et l'améliorer sensiblement est sûrement impossible.
  • Donner plus de liberté aux utilisateurs, comme par exemple ne pas les rediriger automatiquement vers MSN à la moindre recherche (idem pour la page par défaut), c'est un vrai dilemme stratégique. Firefox n'est pas soumis à ce genre de problème : on peut choisir ce qui convient le mieux à l'utilisateur. Cela dit, si Microsoft considère que la guerre des navigateurs est véritablement stratégique, il est possible de sacrifier encore MSN (cela a déjà été fait lors de la première alliance AOL-Microsoft pour tuer Netscape).
  • Améliorer la conformité aux standards... Les développeurs Web réclament plus que jamais une véritable amélioration du support des standards par Internet Explorer. Il faut savoir que ce qui fait la force de Microsoft, ce sont les développeurs. (Joel Spolsky l'explique très bien). Négliger plus encore les développeurs Web, c'est prendre un gros risque. Les écouter, c'est favoriser les standards du Web et donc faire que Windows ne soit plus indispensable pour déployer des applications. Pour Microsoft, un tel choix est cornelien.

Ainsi donc Microsoft est acculé par ceux qui veulent vraiment faire vivre le Web, que ce soit Apple, Opera, les développeurs Web ou les acteurs du Libre. Faute de pouvoir sortir un vrai produit compétitif, Microsoft va nous vendre du rêve ; et des vieux logiciels avec de nouveaux numéros de version. A nous de voir si on veut y croire ou si, comme l'indique le slogan de Firefox, on veut reprendre le Web. Pour ma part, j'ai choisi. Et vous ?