Le titre n'est pas de moi, je ne fais que reprendre celui d'un article en anglais de Karl Weber publié chez Harvard Business Publishing (la maison d'édition de la célèbre université), Why Social Business Is Capitalism's Missing Link.

Extrait :

For most of us, business means one type of organization – the for-profit company that is the backbone of the free enterprise system. Ranging in size from a one-person corner store to a giant corporation like Wal-Mart, such companies recognize one fundamental purpose: to maximize profits. To be sure, they create other benefits along the way: they employ workers, provide useful goods, and pay taxes. But the bottom line is, precisely, the bottom line--the profits generated for owners and shareholders.

Classical economic theory recognizes no other type of business. In fact, it scarcely recognizes any other human motive. Traditional economics assumes, in effect, that people are money-making machines, devoted solely to personal profit.

But we all know this is an incomplete pictue of human nature. People are driven by the profit motive, of couse. But they are driven by many other forces as well. Among these are the desire to do good for others, to help the needy, to make the world a better place--in fact, to solve all the unsolved problems that challenge humanity around the world. Yet today's capitalism is powerless to act on these motives, because it makes no place for them.

The result is an enormous void in our social and economic systems--a void that social business aims to fill.

Traduction rapide par votre serviteur :

Pour la plupart d'entre nous, une entreprise fait penser à un seul genre d'organisation, celle de la société à but lucratif, qui est la colonne vertébrale de la liberté d'entreprendre. Variant de la société unipersonnelle à des géants comme Wal-Mart, de telles entreprises n'ont qu'un seul objectif : générer le plus de profit possible. Bien sûr, elle offrent d'autres avantages annexe. Elle emploient des travailleurs, fournissent des biens qui sont utiles et payent des impôts. Mais au final ce qui compte c'est juste la dernière ligne du bilan, c'est à dire les profits générés pour le compte des propriétaires et actionnaires.

L'économie classique ne connaît pas d'autre types d'entreprises. En fait, elle ne reconnaît pas non plus de motivations autres que celle de gagner de l'argent. Le système économique traditionnel suppose effectivement que les gens sont des machines à gagner de l'argent dont le seul objectif est le profit personnel.

Mais nous savons tous que ceci ne donne qu'une idée très partielle de la nature humaine. Les gens sont bien sûr motivés par l'argent qu'ils vont gagner. Mais ils sont motivés aussi par bien d'autres choses. Parmi celles-ci, le désir de faire le bien autour d'eux, d'aider ceux qui sont dans le besoin, d'améliorer un peu le monde. En fait, de résoudre tous les problèmes non résolus qui touchent l'humanité. Mais le capitalisme d'aujourd'hui est incapable d'interagir avec cette motivation parce qu'il ne leur laisse pas de place.

Le résultat, c'est qu'il y a un vide immense dans notre système social et économique, un vide que l'entreprise sociale vise à combler.

Karl Weber alors la démarche du micro-crédit (il a travaillé sur un livre avec le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus) et compte aller plus loin dans cette direction dans de futurs articles.

La raison pour laquelle je vous parle de cet article est double :

  1. D'une part, c'est un sujet qui me titille depuis longtemps, mais j'ai encore un peu de mal à trouver les mots et le temps pour expliquer tout ça. Alors tomber sur un article qui fait ça pour moi, c'est du temps de gagné :-) .
  2. D'autre part - et c'est un peu un secret de polichinelle - Mozilla est ce que Weber appelle un social business . Je préfère pour ma part la notion "d'organisation hybride", c'est à dire une organisation qui a un produit qui existe au sein d'un marché (celui des navigateurs Web) mais qui n'agit pas en vue de générer un maximum de revenus pour ses actionnaires, mais plutôt pour le bien commun.

Connaissez vous d'autres "organisations hybrides" / social businesses ? Si oui, laissez vos exemples dans les commentaires ! (le premier auquel je pense, c'est Kiva.org.

Mise à jour : Dans la discussion enflammée qui a eu lieu dans les commentaires, je crois qu'il y a un problème fondamental, c'est qu'on semble croire que l'entreprise sociale ou hybride doit remplacer l'entreprise traditionnelle. Ca n'est pas du tout ni le message de Weber, ni le mien. Les deux sont complémentaires ! C'est un peu comme si on disait que les partisans du mariage homosexuel sont contre le mariage hétérosexuel (histoire de choisir un sujet moins polémique ;-) ).