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mardi 19 mai 2020

Comprendre la problématique énergie / climat

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, j’ai voulu profiter du temps libre offert par le confinement, pour suivre le cours que donne Jean-Marc Jancovici à l’École des Mines Paris Tech. 20 heures de cours qui, parce qu’on peut arrêter le prof quand on veut d’un simple clic pour mieux prendre des notes, m’ont pris au moins 30 heures pour générer 71 pages de notes manuscrites, c’est dire si c’est passionnant.

Pourquoi s’infliger un tel effort intellectuel ? Pour comprendre les problèmes énergétiques et climatiques auxquels doit faire face l’humanité. Et pour ça, Jean-Marc Jancovici est un professeur passionnant, drôle (à condition d’aimer l’humour d’ingénieur !), un véritable puis de science, qui parle d’histoire de l’humanité, de pétrole, d’histoire des sciences, d’économie, de politique avec un charisme certain, osant poser les questions qui fâchent et en y répondant avec des informations sourcées. Bref, je recommande à tout le monde qui s’intéresse aux sujets du climat et de l’énergie. Notons que le cours s’adresse à des élèves ingénieurs de haut niveau, donc ça demande une certaine culture scientifique.

Parmi les sujets abordés :

  1. L’énergie — introduction, et pourquoi elle a permis le développement économique d’une partie du monde
  2. L’énergie fossile — À quel point nos sociétés sont dépendantes des énergies fossiles, même en France
  3. Le changement climatique (partie 1) — Comment le recours aux énergies fossiles intensifie l’effet de serre et contribue à changer le climat (et c’est grave)
  4. Le changement climatique (partie 2) — Faire face à la fois à la raréfaction des énergies fossiles et le besoin de réduire les émissions de GES
  5. Les économies d’énergie — l’équation de Kaya
  6. Le nucléaire — un argumentaire pour défendre le nucléaire comme seule option permettant de négocier plus facilement le virage énergétique et climatique
  7. Les énergies renouvelables — Les nouvelles énergies renouvelables : on en parle beaucoup, mais elles ne couvrent qu’une toute petite partie des besoins et en plus ne sont pas pilotables, par opposition aux centrales à gaz, pétrole, charbon ou nucléaires.
  8. La comptabilité carbone — Il sera difficile (euphémisme) de décarboner l’énergie et donc l’économie et il faut pourtant le faire très vite (diviser par 3 les émissions de GES D’ici à 2050).

Pour suivre le cours :

lundi 6 janvier 2020

En vrac de nouvelle année 2020

Lever de soleil sur Paris, janvier 2020

Meilleurs vœux 2020 pour le(s) lecteur(s) du Standblog !

En vedette : le New York Times sur la surveillance

Article énorme du New York Times : Total Surveillance Is Not What America Signed Up For. Les journalistes ont mis la main sur un fichier recensant les déplacements de plus de douze millions d’américains, avec plus de 50 milliards de coordonnées GPS. Un extrait traduit par mes soins :

En analysant ces coordonnées, nos journalistes ont pu pister les mouvement des gardes du corps de Donald Trump et de personnalités du Pentagone. Ils ont pu suivre des manifestants jusque chez eux et espionner des lycéens de Los Angeles. Dans la plupart des cas, c’était un jeu d’enfant de relier une piste prétendument anonyme à un nom et une adresse, et donc une personne identifiée.  ;

Votre smartphone peut diffuser votre lieu exact des milliers de fois par jour, via des centaines d’apps, instantanément à des dizaines de sociétés. Chacune de ces entreprises a la capacité de suivre individuellement des téléphones où qu’ils soient, quasiment en temps réel. Ça n’est pas un bug dans le système. C’est le système.

Le même New York Times a publié une Visualisation ‘One nation, tracked’ des données récupérées. Extraordinairement révélateur sur la vie de personnes qui devraient pourtant rester discrètes pour des raisons d’État (ou leurs propres opinions politiques ou orientation sexuelle).

En vrac

dimanche 30 juin 2019

Le déni

39 degres en Normandie.jpg

Si quelqu’un (moi ?) vous a envoyé sur cette page, c’est qu’il ou elle estime que vous êtes dans le déni du problème climatique. Oh, bien sûr, vous êtes au courant qu’il y a un problème avec le climat : il change, il se réchauffe, et tout le monde en parle. Comprenons-nous bien : je ne dis pas que vous niez le changement climatique, juste que vous refusez juste les changements qui s’imposent.

Car pour limiter ce changement climatique, il va falloir changer beaucoup de choses :

  • Changer notre façon de consommer, et consommer moins ;
  • Changer notre façon de nous déplacer, et se déplacer moins ;
  • Changer notre façon de nous alimenter, et consommer moins de viande ;
  • Changer notre façon de produire et produire moins ;
  • Changer notre façon de créer de la richesse, et la partager plus.

En fait, le plus dur, c’est d’abandonner ses habitudes, revisiter ses certitudes et pire encore, de renoncer à ses rêves. Ca n’est pas facile et on a tendance à nier les choses qui nous dérangent parce que la vie est alors plus facile à vivre.

Je sais de quoi je parle, je suis fait comme vous. J’ai été biberonné au marketing de la bagnole, du tourisme de masse et on m’a raconté toute ma vie qu’en travaillant plus, je gagnerais plus, pour aller en vacances plus loin et m’acheter une bagnole plus puissante, plus confortable, et plus “statutaire”. Sauf que ça n’est plus possible si on veut avoir un avenir pour nos enfants.

Car c’est bien ça le problème : on constate déjà depuis 1990 (le premier rapport du GIEC) et même depuis 1972 (le rapport Meadows, dit “du club de Rome”), que notre consommation effrénée mène la société occidentale à sa perte. 30 ans ou presque qu’on se dit qu’il faut faire quelque chose et qu’on accélère plutôt que de changer de direction.

J’écris ces quelques lignes fin juin 2019, en plein canicule. Elle n’a jamais été aussi précoce, les records de chaleur sont battus, 76 départements en vigilance orange, 4 en vigilance rouge, alors que le Haut Comité pour le Climat remet un rapport au gouvernement en déclarant : « Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ».

Cette canicule pourrait n’être qu’un hasard, mais de nombreux signaux sont au rouge :

Anomalie_temperature_ Meteo_France.jpg

Anomalie de la température moyenne annuelle de l’air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne en France (l’indicateur est constitué de la moyenne des températures de 30 stations météorologiques. Le zéro correspond à la moyenne de l’indicateur sur la période 1961-1990, soit 11,8 °C). Source

D’après le rapport spécial du GIEC sur les 1,5°C, nous sommes sur une trajectoire de deux degrés supplémentaires, ce qui signifie que sur la seconde moitié du XXIe S. :

  • le nombre de jours et nuits chaudes continuera d’augmenter
  • une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de chaleur extrême dans les régions densément peuplées
  • des réductions des rendements de maïs (-15%), riz, blés et autres cultures céréalières en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud-Est et centrale et en Amérique du Sud.
  • Plus de 350 millions de personnes pourraient être exposées à des vagues mortelles de chaleur d’ici 2050 ;
  • 490 millions de personnes exposées à une pénurie d’eau nouvelle ou aggravée.

En clair : plus de difficultés pour nourrir les gens, pour leur donner à boire, plus de chaleur mortelle.

Inévitablement, des populations qui vont quitter leurs pays devenus inhabitables, c’est à dire plus d’immigration. Quand on voit ce que ça donne autant pour les migrants ainsi que les tensions au sein des États européens alors que le nombre de nouveaux migrants en Europe ne représente que moins de 0,5% de sa population par an, on se dit que les choses vont vraiment se compliquer avec le réchauffement climatique.

Va-t-on arriver à limiter le réchauffement climatique à 2°C ? Oui, si nous arrivons à baisser nos émissions de CO2 de 20 % d’ici 2030. Sauf qu’aujourd’hui, même après s’être engagés à réduire nos émissions dans le cadre des accords de Paris, nous continuons à les augmenter.

Le communiqué de presse du GIEC pour leur rapport spécial d’octobre 2018 était clair :

Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société.

Je sais bien que c’est difficile à accepter, je suis passé par là. Mais si on veut donner à nos enfants (si vous en avez) ou à l’humanité les moyens de vivre sans famines ni guerres civiles, nous n’avons plus le choix, nous avons déjà trop tardé. Pour ma part, j’ai déjà commencé à changer mes habitudes. Je compte sur vous pour faire de même. C’est indispensable. Ça urge.

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